Gameloft veut échapper à Vivendi grâce à la pub

L’éditeur de jeux vidéo mobile Gameloft, cible d’une OPA hostile de Vivendi, a contre-attaqué mardi en présentant une stratégie basée sur une montée en puissance des revenus publicitaires pour redresser ses comptes. Au lendemain de l’ouverture de l’OPA du groupe de Vincent Bolloré, le patron de Gameloft, Michel Guillemot, et ses lieutenants ont tenté de convaincre que le groupe était bien armé pour continuer seul son chemin à l’occasion de sa toute première "journée investisseurs", organisée dans ses bureaux à Londres. Le PDG a décrit les méthodes de Vivendi comme "complètement étrangères aux entreprises de jeux vidéo et à Gameloft". Il a souligné que l’on n’avait jamais vu de prise de contrôle hostile dans ce secteur : "C’est fou, ce serait impossible à gérer !" "Si Vivendi obtient 50 % (de Gameloft), alors ils auront le contrôle de la société, demandez-leur comment ils vont la gérer", a-t-il conclu avec un sourire. Michel Guillemot s’est dit en revanche "plus ouvert à des partenariats", notamment avec des groupes asiatiques, et n’a pas exclu dans ce cadre l’hypothèse d’une prise de participation. "C’est une bonne évolution, mais il faut que l’on trouve le bon partenaire et on ne doit pas se précipiter", a-t-il noté. Gameloft a annoncé mardi son objectif d’augmenter son chiffre d’affaires de plus d’un tiers d’ici 2018 afin de dégager un résultat opérationnel courant de 65 millions d’euros. L’éditeur, qui a annoncé lundi soir avoir perdu 24,2 millions d’euros en  2015, pour un chiffre d’affaires de 256,2 millions, vise un volume de ventes supérieur à 350 millions à cet horizon. Sur les exercices 2016-18, le groupe souhaite aussi dégager un flux de trésorerie cumulé de "plus de 85 millions d’euros". Après deux années de pertes consécutives dues en partie à l’avènement des jeux gratuits ("free to play"), le groupe a procédé à une cure d’amaigrissement drastique avec 850 suppressions d’emplois --20 % de ses effectifs - et la fermeture de dix studios en 2015. Il est parvenu à restaurer la rentabilité opérationnelle au second semestre et, fort de ses 21 millions de joueurs chaque jour, mise sur la mise en place d’un nouveau modèle d’affaires basé sur la publicité en plus des achats "in app" (en cours de jeu) pour lui permettre de redresser ses comptes. Pour atteindre 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, Gameloft mise notamment sur sa régie publicitaire créée en interne. Mais l’objectif d’atteindre 100 millions d’euros de revenus publicitaires en 2018 peut paraître très ambitieux, alors que Gameloft n’a retiré que 5 millions de la pub en 2015. Le groupe doit aussi réussir à faire monter en puissance ses revenus publicitaires sans importuner les joueurs, qui risqueraient de fuir ses jeux. Michel Guillemot a assuré que les logiciels bloqueurs de publicité (adblocks) ne fonctionnaient pas à ce stade à l’intérieur des applications, c’est-à-dire des jeux téléchargés par les utilisateurs. 

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