Google : des résultats en demi-teinte

Google a déçu le marché jeudi avec l'annonce d'un bénéfice net en baisse au troisième trimestre et de données mitigées sur les performances de son activité clé de publicité en ligne. Ainsi, le bénéfice net a-t-il reculé de 5% sur un an, à 2,8 milliards de dollars, et le bénéfice par action hors exceptionnels, la référence pour Wall Street, a atteint seulement 6,35 dollars quand les analystes espéraient en moyenne 6,53 dollars. Le chiffre d'affaires a progressé pour sa part de 20% à 16,5 milliards de dollars, une croissance jugée "saine" par le directeur financier Patrick Pichette. Un facteur jugé particulièrement inquiétant est le ralentissement au troisième trimestre de la croissance du nombre de clics sur des annonces publicitaires publiées par Google, à 17% sur un an après 26% au deuxième trimestre. Autre variable importante, le prix moyen par clic, en recul depuis maintenant deux ans, a poursuivi sur cette tendance avec une nouvelle baisse de 2%, moins prononcée toutefois que celle de 9% enregistrée sur les trois mois précédents. M. Pichette a tenté de relativiser ces données en justifiant les fluctuations d'un trimestre à l'autre par les expérimentations du groupe pour adapter son offre publicitaire à l'essor des connexions à internet depuis des appareils mobiles comme les smartphones, sur lesquels les annonceurs payent généralement moins cher pour leurs campagnes. "Nous avons juste fait des changements ce trimestre qui ont amélioré les prix mobiles, tout en ayant un effet sur les clics de basse qualité, et c'est ce qui se reflète dans nos chiffres", a-t-il affirmé. Outre la publicité, une autre source d'inquiétude ces derniers trimestres est l'effritement des marges de Google du fait de ses investissements dans des activités moins rentables que la recherche ou la publicité en ligne, qu'il s'agisse de robotique, de drones ou d'appareils comme ses lunettes connectées Google Glass. Les dépenses de recherche-développement ont bondi de 46% à 2,7 milliards de dollars au troisième trimestre, tandis que sa marge d'exploitation reculait à 23%, contre 27% un an plus tôt.

Le risque fiscal

Certains analystes commencent aussi à craindre à terme des effets négatifs de la régulation, en particulier en Europe. Sur le plan fiscal en particulier, "les gouvernements veulent forcer Google à payer davantage", et il est "improbable que ces paiements soient ponctuels", soulignait récemment dans une note Brian Wieser, analyste chez Pivotal Research Group. Il évoquait un risque de gros redressement fiscal en France pour le groupe, ainsi que la récente annonce par l'Irlande de sa volonté de supprimer une niche fiscale beaucoup utilisée par les multinationales du secteur technologique. "Nous avons toujours dit que c'était aux politiques de décider des lois, et que les entreprises devaient appliquer ces lois. C'est fondamentalement ce que nous faisons", a répondu M. Pichette à une question d'un analyste sur le cas irlandais.   "Nous allons coopérer avec les autorités pour avoir des clarifications, mais il est encore vraiment beaucoup trop tôt pour dire ce qui va se passer", a-t-il ajouté, assurant toutefois que Google restait "engagé" envers l'Irlande, où il compte plus de 2 500 salariés.

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