Netflix secoue le cocotier

Lundi, plus qu'un seul nom à la bouche : Netflix. Après ses premiers pas en France, le service de vidéo illimité doit poursuivre son offensive européenne tout au long de la semaine en se lançant en Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique et au Luxembourg. Dans l'Hexagone, il est disponible pour 7,99 euros par mois, et sera finalement accessible sur les box de Bouygues les plus récentes dès novembre, ont annoncé le président-directeur général du groupe américain et l'opérateur. Les autres fournisseurs d'accès internet, Orange, Free et SFR et Numericable, n'ont officiellement pas trouvé d'accord commercial avec Netflix, et ne diffusent pas son service via leur box. Mais le PDG de Netflix, Reed Hastings, a laissé la porte ouverte à des accords avec d'autres opérateurs télécoms, précisant que des discussions étaient en cours. Le fondateur a aussi souligné qu'il n'avait pas l'intention de payer aux opérateurs un droit de passage privilégié pour la diffusion de ses contenus via internet, mettant en avant le principe de la "neutralité du net".

Face au débarquement de Netflix, ses concurrents français ont dégainé, dont Canal+ qui a renforcé son offre illimitée CanalPlay, déjà forte de 520 000 abonnés. CanalPlay a l'atout d'être présent sur toutes les box, ce qui coûte à Canal+ 150 millions d'euros par an, a souligné le directeur général Rodolphe Belmer, lundi sur France Inter. Numericable a lui lancé, ce lundi, un forfait séries gratuit pour ses abonnés. CanalPlay propose 3 600 heures de séries quand Netflix en offre 2 950, a affirmé M. Belmer, expliquant que ses équipes "ont passé une partie de la nuit à calculer le catalogue de programmes de Netflix". Mais ces services bon marché ne gagnent pas encore d'argent : CanalPlay est pour l'instant déficitaire, tout comme Netflix ailleurs qu'aux Etats-Unis. Avec un siège européen au Luxembourg, puis aux Pays-Bas en 2015, Netflix échappera à l'impôt français sur les sociétés, l'obligation de signalétique d'âge et au pourcentage minimum de 60% de contenus européens et 40% de contenus français dans son catalogue. Il ne devra pas non plus s'assurer que 12% de ses recettes proviennent de visionnage de programmes français. Autant d'exceptions qui rendent furieux ses concurrents français. L'américain contribuera néanmoins au financement de la production audiovisuelle française : il devra verser 2% de son chiffre d'affaires en France au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Et il paiera la TVA à partir du 1er janvier sur ses recettes françaises. Pour Ted Sarandos, responsable des contenus chez Netflix, "les producteurs se réjouissent de voir arriver un nouvel acheteur potentiel" qui confirme par ailleurs des discussions avec Lagardère et Europacorp, la société de Luc Besson.

Droits d'auteur : un accord avec le SCAM

Netflix a par ailleurs conclu un accord avec la Société civile des auteurs multimédia (Scam), organisme de gestion des droits d'auteurs, a annoncé la Scam dans un communiqué. Ce contrat, qui porte sur les activités de Netflix en France, en Belgique et au Luxembourg, autorise Netflix à utiliser le répertoire documentaire de la Scam. "En tout, l'accord concerne plusieurs centaines de documentaires étrangers traduits et quelques dizaines de documentaires français", a expliqué à l'AFP Hervé Rony, directeur général de la Scam, sans donner davantage d'informations sur l'accord signé avec Netflix. "L'accord inclut des reportages, des grands reportages et des documentaires", a-t-il seulement ajouté, donnant l'exemple de "La Marche de l'Empereur", documentaire de Luc Jacquet sorti en 2005. Le géant américain avait déjà conclu début septembre un contrat avec la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et la société des Auteurs dans les arts graphiques et plastiques (ADAGP), deux autres organismes de gestion des droits d'auteurs.



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