Tenir

On aimerait cesser d’écrire ces éditos. De répéter ces mots désolés après ces attaques toujours plus lâches et plus criminelles. On aimerait passer à autre chose, surtout quand l’agression est perpétrée en pleine allégresse par un malade sans excuse ni cause. On aimerait aussi se rassembler comme les autres fois. Mais cette répétition nous mine et nous fait perdre nos repères. Cette fois-ci, ce sont les chaînes de télévisions qui ont dérapé. Gravement. Le service public s’est excusé, les autres non. Il est vrai que ce nouveau crime a suscité une course aveugle à l’info. À n’importe quelle info, y compris les rumeurs les plus folles qui naissent dans ces situations et dont les réseaux sociaux sont l’amplificateur. Ces réseaux qui affolent les télés et les médias classiques qui se sentent débordés par les images en direct que n’importe quel smartphone peut transmettre. Mais en faisant la course avec Periscope et autre Facebook Live, les médias classiques se perdent parce qu’ils perdent leur raison d’être : informer après avoir vérifié la qualité de ce qu’ils diffusent. Prendre du recul, même dans l’urgence. Parce qu’une rédaction aura toujours plus de savoir qu’un individu isolé, fut-il équipé des moyens de retransmettre des images en direct. Malgré, les coups, malgré la lassitude, malgré le découragement qui nous saisit parfois, il est crucial que les fous dangereux qui nous attaquent ne parviennent pas à briser cet outil essentiel qu’est l’information libre et pesée. Il en va de la santé et de la cohésion de notre société. Et celles-ci, nous l’avons vu des derniers jours, sont bien fragiles.

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