Cour des comptes : le soutien à l'audiovisuel montré du doigt

La Cour des comptes épingle dans un rapport le soutien à la production, cinématographique et surtout audiovisuelle. La Cour avait déjà demandé en 2012 un pilotage budgétaire précis du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Dans ce nouveau rapport, intitulé "Les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle, des changements nécessaires", rendu public mercredi, elle revient à la charge sur les mécanismes de financement public du secteur, créés à la fin des années 50 pour le cinéma et dans les années 80 pour la télévision. "La dépense publique en faveur du secteur, en forte croissance depuis dix ans, est insuffisamment maîtrisée", estime-t-elle. Les aides directes -aides à la production versées par le CNC et les collectivités territoriales, dépenses fiscales...- ont crû de 88% en dix ans à 601 millions d'euros en 2012, "sans découler d'une priorité explicite en faveur de ce secteur, assortie d'objectifs précis et d'évaluation des résultats", souligne-t-elle. La Cour se montre particulièrement sévère à propos de l'audiovisuel, qui "bénéficie d'un système de soutien sans équivalent en Europe" avec près de 800 millions d'euros d'investissements des chaînes de télévision en 2012 et des aides publiques à hauteur de 332 millions d'euros. Il affiche pourtant des "performances" sans "rapport avec les montants investis". Elle pointe notamment du doigt le secteur de la fiction (téléfilms et séries) "peu performant" malgré des "évolutions en cours". Quant aux documentaires, la progression des volumes aidés au cours des dernières années "n'est pas en rapport avec leur audience", juge-t-elle. La Cour déplore aussi une tendance à "l'émiettement du secteur" de la production audiovisuelle, estimant que le soutien public "a manqué son objectif de consolidation" de celui-ci.

Assouplir le régime

Face à ce constat, la Cour préconise notamment de "relever le seuil d'accès au soutien automatique" dans l'audiovisuel ou de "prendre en compte les résultats obtenus par les programmes aidés dans l'octroi du soutien automatique du CNC". Elle recommande aussi de "procéder à un resserrement des critères de qualification du documentaire susceptible d'être aidé", ou de "consacrer une part plus importante des aides sélectives du CNC à la phase d'écriture", deux réformes déjà annoncées en janvier par la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti. La Cour recommande encore d'"assouplir le régime des jours pendant lesquels la diffusion
d'œuvres cinématographiques est interdite sur les chaînes de télévision". Interrogé par l'AFP, le CNC a indiqué "ne pas avoir le sentiment d'une remise en cause radicale" avec ce rapport. Il "met en avant les analyses et la feuille de route qu'on s'est fixées sur la plupart des sujets", a-t-il ajouté. Malgré ses critiques, "la Cour reconnaît la solidité des principes fondamentaux de la politique du cinéma et de l'audiovisuel, et souligne les adaptations qui ont été réalisées ou en cours", a dit de son côté le ministère de la Culture et de la Communication.

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