FTV, diversité, SACD...

Ecran Total, le magazine des professionnels du cinéma est à Cannes. Et pendant le Festival, il nous livre en exclusivité son regard de pro sur l’événement.

Les filiales cinéma de FTV évoquent leurs activités

Lors de la dernière rencontre professionnelle, organisée par la SACD cette année, la directrice de France 2 Cinéma, Valérie Boyer, et le directeur de France 3 Cinéma, Daniel Goudineau, ont évoqué la stratégie et la situation de leurs filiales de financement du 7e art. Valérie Boyer a d’abord détaillé l’activité de France 2 Cinéma en 2014. Disposant d’un budget d’environ 37 M€, la filiale a financé près de 35 films sans jamais dépasser 1,20 M€ par projet. Le politique de France 2 Cinéma s’inscrit dans la continuité, à savoir un juste équilibre entre films familiaux et films d’auteur. Un tiers des films coproduits sont des premiers ou seconds longs-métrages soit 10 à 12 œuvres par an.

Quant à France 3 Cinéma, elle a préfinancé 28 films en 2014 dont 13 premiers ou seconds films, soit près de 50 % de son investissement. Son budget diminuant en fonction du chiffre d’affaires de France 3, il était de 22 M€ l’année dernière. La filiale privilégie des sujets plus exigeants et qui interroge et qui dépeigne la société actuelle. Daniel Goudineau souligne "des conditions d’exposition inquiétantes" pour les films d’auteur, plus fragiles, puisque depuis un an, aucun des films coproduits par sa filiale n’a dépassé les 450 000 entrées en salle.

Une évolution pour les films d’animation et une hausse des devis

France 3 Cinéma s’engage également sur des films d’animation mais son directeur constate qu’ils sont de plus en plus dirigés vers le très jeune public (5 à 10 ans). Ils sont également moins diffusés à heure de grande écoute. Il remarque cependant que Arte et M6 ont augmenté leur intérêt sur ce genre depuis trois ans.

Si France 2 Cinéma et France 3 Cinéma reçoivent respectivement 380 et 300 projets par an, Valérie Boyer constate qu’il est plus difficile aujourd’hui pour un projet de trouver un distributeur et que les devis sont plus importants en 2015, du fait des nombreuses comédies liées à des franchises, initiées cette année (Babysitting 2, les Visiteurs 3, Papa ou maman 2).

Le bilan de la commission Images de la diversité

Mise en place en 2007 par décret, la commission Images de la diversité est gérée conjointement par le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) et le CNC. Son président, Alexandre Michelin, a présenté l’action de la commission tout en abordant ses prochains chantiers. Cette commission apporte une contribution financière à des projets de tout secteur, de tout genre et de tout format proposés par un producteur ou un réalisateur.

De 2007 à 2014, elle a attribué une aide à 1 128 œuvres, pour un montant total de plus de 25 M€. Elle aide 150 à 160 projets par an et dispose d’un budget annuel de 3 M€. 65 % des projets soutenus ont concerné des œuvres audiovisuelles et 34 % des œuvres cinématographiques. Une grande majorité de cette aide concerne les documentaires qui représentent 59 % des œuvres soutenues. Parmi les longs-métrages qui ont reçu l’aide de la commission, Entre les murs est le film ayant reçu le montant le plus élevé (100 000 €). Timbuktu, Hippocrate, Bande de filles, Indigènes, la Première Etoile et la Cage dorée ont tous obtenu une aide de la commission.

Cette année, trois films soutenus figurent parmi les sélections cannoises, Asphalte, de Samuel Benchetrit, Fatima, de Philippe Faucon, et Crache cœur, de Julia Kowalski. Alexandre Michelin a souligné que si la commission aidait davantage les œuvres de fiction, il espérait plus de propositions de projets à l’avenir.

Une plate-forme VàD et plus de dialogues avec les diffuseurs

Pour offrir une meilleure visibilité aux œuvres valorisant la diversité ayant reçu une aide de la commission, une plate-forme VàD, sous la forme d’outil éducatif, est en cours d’élaboration. Si son financement est déjà validé, la question des droits de diffusion reste encore à déterminer. Enfin, la commission devrait rapidement rencontrer les chaînes de télévision pour les inciter à diffuser davantage de programmes sur la diversité.

"La Tierra y la sombra" reçoit le prix SACD de la Semaine de la critique

La commission cinéma de la SACD a décerné le prix SACD de la Semaine de la critique, jeudi 21 mai au soir, au film colombien La Tierra y la sombra, de César Augusto Acevedo. Le prix récompense l’auteur d’un premier ou second long-métrage qui perçoit une dotation de 4 000 € dans le cadre de l’action culturelle de la SACD financée par la copie privée. La commission cinéma de la SACD est composée de Bertrand Tavernier, président, Jean Becker, Jean Marbœuf et Laurent Heynemann. Ce dernier a motivé l’attribution du prix à La Tierra y la sombra "pour sa richesse, pour sa capacité à rendre une atmosphère et la pertinence de son propos".

Né en 1987 à Cali (Colombie), César Acevedo est diplômé de l’Ecole de communication sociale de l’université del Valle. Après ses deux premiers courts-métrages, il a réalisé à partir du scénario de son travail de fin d’études son premier long-métrage La Tierra y la sombra, inspiré de la région dont il est originaire et de ses habitants, des paysans attachés à leur terre.

Thierry Frémaux "rêve" d’une sélection anonyme pour assurer la parité

"Notre rêve serait une sélection de films sans générique, pour ne pas savoir qui les a réalisés", a affirmé Thierry Frémaux, le délégué général et sélectionneur du Festival de Cannes, interrogé sur la parité dans le 7e art. Participant à un débat sur la présence des femmes dans le cinéma à l’initiative du groupe Kering, jeudi 21 mai, Thierry Frémaux a "déploré" que la parité ne soit pas respectée, soulignant que "le Festival de Cannes est au bout de la chaîne, pas au début".

"Cannes n’est que le reflet de ce qu’on nous propose. Nous sélectionnons mais la question de la place des femmes dans le cinéma ne concerne pas seulement le Festival accusé à tort pour la parité", a ajouté le délégué général, rappelant qu’il n’y a que 7 % de réalisatrices dans le monde, et 24 % en France."Peut-être faut-il imposer aux écoles de cinéma une certaine parité ?", s’est-il interrogé, mais ne se disant toutefois pas favorable aux quotas.

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