Les régions, l'Acid, Fim Factoy...

Ecran Total, le magazine des professionnels du cinéma est à Cannes. Et pendant le Festival, il nous livre en exclusivité son regard de pro sur l’événement.

Les régions, acteurs majeurs du soutien à la création cinématographique

Lundi 18 mai, des représentants des différentes régions françaises se sont réunis à Cannes pour un état des lieux des politiques régionales en faveur du cinéma. Présents autour de la table : Julien Dray, vice-président de la région Ile-de-France chargé de la culture, Karine Sauzet, de la direction de la culture du Conseil régional du Centre-Val-de-Loire, Farida Boudaoud, vice-présidente du Conseil régional de la région Rhône-Alpes déléguée à la culture, Daniel Ramponi, premier vice-président de la commission Culture-sport-jeunesse-éducation populaire de la région Pays de la Loire, et Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC. Les participants se sont accordés pour tirer un bilan très positif du système régional de soutien aux industries cinématographiques, Julien Dray qualifiant les régions de "vaisseau amiral" des aides au cinéma. Il est revenu sur l’activité de sa région, l’Ile-de-France, dans ce domaine : 14 M€ sont versés à la création chaque année. Depuis la mise en place du dispositif en 2001, 900 films ont été aidés.

Karine Sauzet, qui représentait également l’ARF (Association des régions de France), a rappelé lors d’un point historique que c’est la région Aquitaine qui a créé le premier fonds de soutien au cinéma en 1985. Mais le véritable "boum" de ce type de dispositif a eu lieu en 2004, au moment de la décentralisation, avec notamment la convention avec le CNC dite du "1 € pour 2 €".

Les participants ont tour à tour abordé les différentes initiatives qui ont vu le jour pendant ces 11 ans de gouvernance. Daniel Ramponi a évoqué la création en 2009 de la Conférence régionale consultative culturelle en Pays de la Loire, qui regroupent en commissions sectorielles des professionnels de la culture ainsi que des élus. 120 personnes, élues tous les deux ans, y travaillent sur l’économie de la culture, l’emploi et la formation, les relations aux territoires et aux publics…

Les enjeux : sécurisation des financements et fusion des régions

Les représentants régionaux se sont félicités de l’autonomie qui leur est accordée, et du relatif maintien de leurs budgets culture – en Pays de la Loire, le budget culture est le seul à avoir augmenté pour 2015, à hauteur de 3 %. Christophe Tardieu a rappelé que le CNC distribuait 20 M€ par an dans les régions pour les dispositifs de soutien au cinéma, et assuré qu’il n’avait pas l’intention de voir ce montant baisser dans les années à venir. 35 % des films français sortis en salle en 2014 ont été soutenus par des régions, pour un apport moyen de 200.000 € (soit 6-7 % des budgets). En 2004, trois régions avaient plus de 100 jours de tournage en local par an : en 2014, ce chiffre est de huit. Côté perspectives et préoccupations, la réforme territoriale est évidemment dans tous les esprits. Farida Boudaoud assure que le Rhône-Alpes et l’Auvergne sont d’ores-et-déjà en discussion pour harmoniser leurs aides au cinéma, ce qui sera d’autant plus facile que la région Auvergne ne concentre ses aides que sur le court-métrage à l’heure actuelle.

Autre chantier : la sécurisation juridique des dispositifs d’aides, afin de les pérenniser en les mettant à l’abri des changements de majorité et des conséquences potentiellement négatives de la réforme territoriale. Cela a déjà été voté en région Rhône-Alpes en juin 2014, et est en discussion actuellement en Ile-de-France. Julien Dray a également insisté sur le fait que les aides régionales ne devaient pas être conditionnées à d’autres aides. Dans les faits, le soutien d’une région est souvent la première étape dans le financement d’un film.

L’Institut français et l’Acid lancent "La French Touch of independent Cinema"

L’Institut français et l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid), se rejoignent à travers un programme commun, "La French touch of independant cinema". Le pôle cinéma de l’Institut français en charge des acquisitions et de la diffusion d’œuvres français indépendantes à l’international, lorsqu’ils ne sont pas distribués, et l’Acid se rapprochent un peu plus grâce à ce nouveau partenariat. Une sélection de films de l’Acid présents au Festival de Cannes en 2013 et 2014 sera diffusée à l’étranger, sur le réseau étendu de lieux de diffusion (universités, festivals, instituts culturels) mis en place par l’Institut français. Par ailleurs, les deux organismes vont également assurer la numérisation de 70 salles à travers le monde et soutenir localement la diffusion des œuvres. Certains films de l’Acid sélectionnés à Cannes cette année pourront également rejoindre l’offre de longs-métrages de ce nouveau programme.

L’Acid s’exporte en Argentine

Fondé sur un modèle similaire du fonctionnement de l’Acid, le Proyecto Cine independiente (PCI) est un rassemblement de cinéastes argentins réunis pour favoriser une meilleure diffusion de films indépendants dans les salles argentines. Fondé en 1998, il se compose aujourd’hui de 84 réalisateurs argentins. L’Acid annonce la signature d’un accord concernant la projection de films Acid et PCI dans plus de 55 salles publiques en Argentine. La situation des films indépendants en dans ce pays est délicate, ces films sortent plus facilement dans les salles françaises.

Suite à ces annonces, un débat sur les problématiques de la distribution de films indépendants a permis de cerner les disparités entre les situations constatées dans différents pays. Si en France, ces films trouvent leur place dans les salles, la concentration due à la numérisation de la fréquentation dans les grandes agglomérations touche les œuvres les plus fragiles. Aujourd’hui, le succès d’un film art et essai est amplifié tout comme son échec. En Argentine, la production locale s’est remise en marche mais peine à entrer dans les salles. En Chine, un film peut quitter l’affiche du jour au lendemain, quant au Canada, les distributeurs indépendants adoptent directement la sortie en VàD.

Film Factory se recentre sur Paris

Avec 50 longs-métrages traités en postproduction en 2014 et un chiffre d’affaires qui a doublé en un an, Film Factory a le vent en poupe. Après avoir ouvert un nouvel audi de mixage de 100 m² rue des Bateliers à Clichy et effectué des travaux rue Forest à Paris, dans les locaux de la société B-Mac qu’il a repris, le prestataire se recentre sur Paris, sachant que ses locaux historiques, situés rue Foucault à Clichy, devraient être amenés à être transférés ailleurs. Le laboratoire argentique d’ex-B-Mac est par ailleurs en pleine activité. "Nous avons travaillé sur six longs-métrages en 35 mm et en avons trois autres en projets, affirme Philippe Akoka, directeur général de la société. Aujourd’hui, Film Factory a réalisé un chiffre d’affaires de 3,5 M€ et emploie 21 permanents et sept intermittents."

À lire aussi

Filtrer par