Maupassant, Natalie Portman, Allende...

Ecran Total, le magazine des professionnels du cinéma est à Cannes. Et pendant le Festival, il nous livre en exclusivité son regard de pro sur l’événement.

Stéphane Brizé adapte Maupassant

Alors que son dernier film, La loi du marché, est en compétition à Cannes, Stéphane Brizé (Mademoiselle Chambon) prépare son prochain long métrage, Une vie, d’après le roman éponyme de Guy de Maupassant. Située au 19ème siècle, l’histoire raconte la vie de jeanne, une jeune aristocrate, qui décide le jour de ses 17 ans de quitter le couvent pour vivre sa vie… Judith Chemla tiendra le rôle principal. Jalil Lespert, Jean-Pierre Darroussin et Yolande Moreay lui donneront la réplique.

Miléna Poylo et Gilles Sacuto, de TS Productions, produisent Une Vie, comem tous les précédents films de Stéphane Brizé – à l’exception de La Loi du marché. Le tournage débutera cet été. MK2 est en charge des ventes internationales.

Notons qu’Une vie a déjà été adapté pour la télévision par Elisabeth Rappeneau avec Barbara Schulz dans le rôle de Jeanne.

Un troisième film à vendre pour Insiders

Juste avant que ne débute le festival de Cannes, Wild Bunch annonçait la création d’Insiders, nouvelle structure de ventes internationales basée à Los Angeles et dédiée au trading de films indépendants américains (ayant des budgets supérieurs à 15 M$), placée sous la responsabilité de Vincent Maraval, qui conserve parallèlement ses fonctions au sein du groupe Wild Bunch.

Dans la foulée, Insiders dévoilait les deux premiers films figurant à son line-up pour le Marché du Film cannois : Loving, de Jeff Nichols (Take Shelter, Mud) avec Joel Edgerton et Ruth Negga, et Flag Day de Sean Penn, avec lui-même et sa fille, Dylan Penn.

Un nouveau projet vient d’être annoncé : Wind River, de Taylor Sheridan, avec Chris Pine et Elizabeth Olsen. Il s’agit du premier long du scénariste de Sicario, de Denis Villeneuve, en compétition. Thunder Road et Film 44 produisent.

Emmanuelle Bercot va diriger Sidse Babbet Knudsen

Alors qu’elle vient de faire l’ouverture de Cannes avec La Tête haute, Emmanuelle Bercot – qu’on retrouvera aussi en compétition, comme actrice cette fois, à l’affiche de Mon roi, de Maïwenn – tournera cet automne son prochain long, La Fille de Brest. Adapté de l’ouvrage d’Irène Frachon, Mediator 150mg, le film relatera le combat de la pneumologue qui a révélé le scandale du médicament des laboratoires Servier et sa lutte pour le faire interdire. La cinéaste cosigne le scénario avec Séverine Bosschem. L’actrice danoise Sidse Babbet Knudsen, révélée par la série Borgen, tiendra le rôle d’Irène Frachon ; on la retrouvera prochainement au générique d’un autre film français, L’hermine, de Christian Vincent, aux côtés de Fabrice Luchini. Haut et Court produit La Fille de Brest. France 2 Cinéma coproduit, Wild Bunch étant en charge des ventes internationales.

Rebecca Zlotowski tournera avec Natalie Portman

Natalie Portman – qui accompagne à Cannes sa première réalisation, Une histoire d’amour et de ténèbres – et Lily Rose Depp, fille de Vanessa Paradis et Johnny Depp, tiendront les rôles principaux de Planetarium, de Rebecca Zlotoswki. Il s’agira du troisième long métrage de la réalisatrice après Belle épine, présenté à la Semaine de la critique en 2010, et Grand Central, sélectionné à Un certain regard en 2013. L’action se situe à Paris, dans les années 1930, sur fond de montée de l’antisémitisme. Kinology est en charge des ventes internationales. Rappelons que Rebecca Zlotowski est présente sur la Croisette, où elle fait partie du jury des courts métrages et de la Cinéfondation.

Bodega achète "Allende mi abuelo Allende"

Bodega vient d'acquérir les droits de distribution du film de  Marcia Tambutti Allende, Allende mi abuelo Allende. Ce documentaire est consacré au grand-père de la réalisatrice Salvador Allende, l'ancien président socialiste du Chili renversé par un coup d'état en 1973. Il sera présenté dimanche 17 mai à la Quinzaine des Réalisateurs.

Un bon début d’année pour la production….

La Ficam (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia) a présenté sur la Croisette ses statistiques concernant la production jusqu’à fin mai, qui révèlent une nette reprise par rapport à l’année dernière. Après une année 2014 particulièrement morose, la production de films reprend indéniablement des couleurs en ce début d’année 2015, comme en atteste l’Observatoire Métiers et Marchés qui recense les tournages des films de long métrage constatés et déclarés par les adhérents de la Ficam, dont le premier jour de tournage est situé entre le 1er janvier et le 31 mai de l’année civile. Il apparait notamment que la production de longs métrages, tout genre confondu, augmente de 71% entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, après, il faut le reconnaître, une année 2014 historiquement basse, notamment concernant les films de fiction. En 2015, la production de longs métrages d’initiative  française (hors films d’animation et documentaires) double entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, avec 73 projets mis en production contre 38 en 2014. Le nombre total de semaines de tournage double également sur la période pour retrouver un des niveaux les plus élevés de ces 8 dernières années, rejoignant l'année 2010. Notable bémol à cette embellie, le nombre de semaines de tournage à l'étranger atteint un niveau jamais mesuré depuis 2008 (209 semaines de tournage), triplant son niveau par rapport à 2014 ; par conséquent, le taux de délocalisation est à 38%, le plus élevé de ces huit dernières années sur la période. Côté financier, sur un nombre de projets qui double sur la période, les montants investis pour les films mis en production en janvier-mai 2015 augmentent de 121%, au plus haut depuis ces 8 dernières années. Entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, la Ficam constate que 26 films sont compris entre 4 et 10  M€ contre 7 en 2014, que le nombre de films entre 2 et 4 M€ a quasiment doublé, alors que les films de plus de 10 M€ ont triplé sur la période, retrouvant le même niveau que celui de l'année 2009.

.... mais plus nuancé pour les industries techniques

Cette reprise d’activité ne profite cependant pas dans les mêmes proportions aux prestataires et aux industries techniques, du fait d’un taux de délocalisation élevé. Le montant des prestations techniques sur la période s’élèverait ainsi à environ 30 M€, auquel il faudrait rajouter potentiellement 8,5 M€ qui correspondent au montant des dépenses délocalisées. Selon la Ficam, 80% de ces dépenses ont été absorbés par les prestations en Belgique qui bénéficie d’un tax shelter remis à jour particulièrement efficace ; les 20% restants étant dépensés en Tchéquie et au Canada. Pour Thierry de Segonzac, président de la Ficam, les aides fiscales, et surtout la souplesse des régimes du travail des autres pays, expliquent en grande partie ce manque à gagner. Du coté des loueurs de caméras, qui sont naturellement aux premières loges pour connaitre les prévisions de tournage, les mois de mai et juin semblent par contre en  retrait par rapport à la hausse du début d’année, ce qui fait craindre que l’embellie observée soit davantage conjoncturelle que structurelle. En effet, nombre de productions qui auraient dû se faire en 2014 ont glissé en ce début d’année 2015, alors que, par ailleurs, le rehaussement du crédit d’impôt qui a été voté n’interviendra qu’au 1er janvier 2016. Ceci fait donc craindre un second semestre 2015 en retrait par rapport au premier semestre. Enfin, les élections régionales de décembre prochain, ainsi que la recomposition des régions à venir font craindre une révision à la baisse des aides régionales à la production. Les bons chiffres de ce début d’année sont donc à mettre en perspective et à prendre avec prudence : une hirondelle ne fait pas le printemps !

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