Un bon début d’année pour la production….

La Ficam (Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia) a présenté sur la Croisette ses statistiques concernant la production jusqu’à fin mai, qui révèlent une nette reprise par rapport à l’année dernière. Après une année 2014 particulièrement morose, la production de films reprend indéniablement des couleurs en ce début d’année 2015, comme en atteste l’Observatoire Métiers et Marchés qui recense les tournages des films de long métrage constatés et déclarés par les adhérents de la Ficam, dont le premier jour de tournage est situé entre le 1er janvier et le 31 mai de l’année civile. Il apparait notamment que la production de longs métrages, tout genre confondu, augmente de 71% entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, après, il faut le reconnaître, une année 2014 historiquement basse, notamment concernant les films de fiction. En 2015, la production de longs métrages d’initiative  française (hors films d’animation et documentaires) double entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, avec 73 projets mis en production contre 38 en 2014. Le nombre total de semaines de tournage double également sur la période pour retrouver un des niveaux les plus élevés de ces 8 dernières années, rejoignant l'année 2010. Notable bémol à cette embellie, le nombre de semaines de tournage à l'étranger atteint un niveau jamais mesuré depuis 2008 (209 semaines de tournage), triplant son niveau par rapport à 2014 ; par conséquent, le taux de délocalisation est à 38%, le plus élevé de ces huit dernières années sur la période. Côté financier, sur un nombre de projets qui double sur la période, les montants investis pour les films mis en production en janvier-mai 2015 augmentent de 121%, au plus haut depuis ces 8 dernières années. Entre janvier-mai 2014 et janvier-mai 2015, la Ficam constate que 26 films sont compris entre 4 et 10  M€ contre 7 en 2014, que le nombre de films entre 2 et 4 M€ a quasiment doublé, alors que les films de plus de 10 M€ ont triplé sur la période, retrouvant le même niveau que celui de l'année 2009.

.... mais plus nuancé pour les industries techniques

Cette reprise d’activité ne profite cependant pas dans les mêmes proportions aux prestataires et aux industries techniques, du fait d’un taux de délocalisation élevé. Le montant des prestations techniques sur la période s’élèverait ainsi à environ 30 M€, auquel il faudrait rajouter potentiellement 8,5 M€ qui correspondent au montant des dépenses délocalisées. Selon la Ficam, 80% de ces dépenses ont été absorbés par les prestations en Belgique qui bénéficie d’un tax shelter remis à jour particulièrement efficace ; les 20% restants étant dépensés en Tchéquie et au Canada. Pour Thierry de Segonzac, président de la Ficam, les aides fiscales, et surtout la souplesse des régimes du travail des autres pays, expliquent en grande partie ce manque à gagner. Du coté des loueurs de caméras, qui sont naturellement aux premières loges pour connaitre les prévisions de tournage, les mois de mai et juin semblent par contre en  retrait par rapport à la hausse du début d’année, ce qui fait craindre que l’embellie observée soit davantage conjoncturelle que structurelle. En effet, nombre de productions qui auraient dû se faire en 2014 ont glissé en ce début d’année 2015, alors que, par ailleurs, le rehaussement du crédit d’impôt qui a été voté n’interviendra qu’au 1er janvier 2016. Ceci fait donc craindre un second semestre 2015 en retrait par rapport au premier semestre. Enfin, les élections régionales de décembre prochain, ainsi que la recomposition des régions à venir font craindre une révision à la baisse des aides régionales à la production. Les bons chiffres de ce début d’année sont donc à mettre en perspective et à prendre avec prudence : une hirondelle ne fait pas le printemps !

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