Le mot de la Faim

Pour clore cette série de tendances Food, la rédaction de CB News dédie sa cover à Adam & Eve qui finalement, avec une pomme, ne se prenaient pas le chou. Bien compliqué de résumer LA nouvelle tendance alimentaire : sans gluten, bio, écolo, végéto-cru légumique, de saison, brut, élaboré, peu cuisiné, pas salé, joli ou naturellement moche, pas cher mais quand même plus cher que les autres… Gargantua en perdrait son latin. La vérité c’est que la tendance est plurielle autour d’un pilier phare : le simple. Formelle sur ce point est l’étude Food 360 de TNS Sofres d’avril 2015 : 79% des Français privilégient les produits alimentaires simples et pas trop transformés pour avoir le vrai goût des aliments et 72% pour être certains de ne pas avoir d’ingrédients suspects. 83% sont intéressés par les innovations en lien avec la naturalité et 81% avec la simplicité (peu transformés, fabriqués avec peu d’ingrédients). Paradoxalement, en France, où les risques sont plus faibles, la crainte est plus élevée qu’ailleurs. Les solutions pour se rassurer ? la vente directe, des filières alternatives, les nouveaux centres commerciaux, des produits traçables. Le hic est que ces produits estampillés « sans » (lactose, gluten, sel, gras…à peuvent aller jusqu’à 30% plus cher que leurs homologues avec de longues listes de composants sur l’étiquette (une étiquette qui, comme l’explique le Professeur Hercberg dans notre Tribune, risque de se densifier pour cause de législation et de santé). Alors, évidence biblique, les industriels ont du mal à conjuguer toutes les conditions et restaurateurs doivent s’aligner avec des cartes réduites. Pour conclure, le mot de la faim se résume avec l’expert Frédéric Adida, «des produits alimentaires plus simples, plus faciles à décrypter verront revenir les consommateurs dans les supermarchés. Les fournisseurs deviennent des producteurs et sont capables de sourcer les provenances des produits. C’est devenu un argument marketing chez les restaurateurs qui affichent la provenance et c’est aussi en de plus en plus le cas dans la grande distribution et dans les produits de grandes consommation ». 

Intermarché : une recette appliquée à la lettre

La dernière campagne d’Intermarché signée Marcel fait le job : filière, production, traçabilité, tous les ingrédients y sont avec trois films et visuels sur le cours de la filière ; les bons fruits et légumes et la couche Pommette qui retrace l’origine de sa création depuis l’usine de l’enseigne à Brocéliande.


Biocoop : responsable de bout en bout

La démarche de Biocoop, réseau de magasins bio et équitable, mérite un petit coup de projecteur (alimenté à la manivelle). Son refus des OGM, sa lutte contre le suremballage, son appétence pour le commerce équitable au nord comme au sud, la priorité au local tout en assurant des prix justes pour les consommateurs et les producteurs…

Cette démarche « militante » se retrouve aussi dans sa communication. Fred & Farid a signé une campagne éco-responsable. Que ce soit pour le print ou les films, l’agence a un temps oublié les processus de création et de production classiques pour se tourner vers des solutions alternatives plus proches de l’environnement. Chaque détail a été pensé et orchestré en ce sens : le projet a été réalisé en Bretagne avec une équipe réduite et autonome, sans casting, avec de vrais producteurs Biocoop dans leurs exploitations. Les transports les moins polluants ont été utilisés pour s’y rendre et se déplacer sur les différents lieux de tournage (trains, voitures hybrides, vélos..). Rien n’a été négligé, l’agence allant même jusqu’à transformer un vélo à la main pour générer de l'électricité et ainsi limiter la consommation d’énergie au maximum. Les photos ont été réalisées avec un Sténopé de 40 par 50 cm construit à partir de veilles caisses en bois. Le film, lui, a ététourné avec 2 caméras manuelles Bolex. Pour peaufiner le tout, les accroches et logos ont été directement  calligraphiés à la peinture biologique sur les tirages imprimés sur du papier recyclé à l’encre végétale. Au final l’empreinte écologique de cette première campagne éco-responsable aura été divisée par 3, de 15,2 tonnes de CO2 rejeté pour une campagne identique mais produite de manière normale à 5,9 tonnes de CO2. 

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