Deborah Turness : Avec NBC, Euronews sera une chaîne de journalisme de référence en Europe

Qu’est-ce qu’apporte et qu’est-ce apporter NBC à Euronews ?

MSNBC, notre chaîne câblée est numéro un aux Etats Unis et nous voulions élargir notre marque avec l’ambition d’une marque globale. Nous cherchons donc des partenariats avec des entreprises ayant déjà une forte audience et dans lesquelles nous pouvons apporter notre savoir-faire. Euronews entrait exactement dans cet objectif avec une audience potentielle de plus de 500 millions de foyers. Mais surtout, Euronews porte en elle cette idée de "trust", de confiance entre l’audience et la marque. Cela vient en partie du fait qu’Euronews parle aux gens dans leur langue. Cela crée un niveau d’engagement qui n’existe pas dans les autres chaînes internationales mais c’est aussi parce qu’elle n’est pas fondée par un Etat et ne dépend donc pas d’une idéologie ou d’un positionnement politique. De son côté NBC apporte ce que j’appellerais le journalisme pur, la passion et les moyens. L’expérience du marché américain nous apporte la capacité à raconter des histoires fortes qui sont très consommables.

Concrètement comment cette implication se traduit-elle ?

Par le fait que nous avons investi dans les journalistes à Londres, Paris, Bruxelles ou nous avons recruté huit journalistes : à Paris, Londres, Rome, Berlin, Washington DC, Moscou, deux à Bruxelles et nous cherchons quelqu’un à Madrid.

Euronews a été créée après la première guerre du Golfe, l’ambition était d’offrir une alternative à CNN dont on avait découvert alors en Europe la force. Est que l’apport de NBC peut permettre à Euronews d’atteindre cette ambition au niveau européen et peut être mondial ?

On espère le faire par l’Europe. Elle vit un moment particulier avec ce qui se passe en Grande Bretagne, en Allemagne, en Italie et en Autriche. On ne sait pas où ça va aller et cela met en question son organisation. C’est une période de questionnement très délicate et c’est le moment où nous investissons dans Euronews, donc oui il y a de quoi faire. Les médias traditionnels sont aujourd’hui remis en question. Et nous avons une occasion extraordinaire de rétablir la confiance dans les médias.

Comment fait-on justement, quand on a une chaîne qui a 25 ans, une histoire mais une image peut être un peu faible, pour s’imposer comme un média de référence ?

Deux exemples très récents. Notre correspondante basée à Paris, Annelise Borgès, qui a été la seule journaliste sur l’Aquarius. Tous nos correspondants travaillent avec un iPhone avec une app qui leur permet de passer à l’antenne en live. Elle a pu monter sur le bateau, seule, là où il aurait fallu au moins trois personnes pour une équipe télé normale. Avec son iPhone et son drone elle a pu faire ses reportages qui ont été repris par des dizaines de chaînes dans le monde. La semaine précédente, j’ai envoyé deux journalistes faire un roadtrip en Italie pour parler des gens qui avaient voté pour le mouvement 5 Etoiles et pour la Ligue. Nous devons investir dans du vrai journalisme de terrain, d’aller là où les choses se passent et le fait de travailler avec des iPhone nous permet d’être très agiles et mobiles.

Ce sont les scoops qui feront la réputation de la chaîne ?

Oui, parce qu’il est vrai qu’Euronews n’est pas encore assez reconnue. Mais cela dépend des pays. En Russie par exemple, elle est très connue parce que c’est la seule chaîne internationale en langue russe. J’espère que d’ici un an, vous entendrez encore plus parler de nous ! Nous voulons devenir le leader européen en influence.

Il est prévu que la chaîne s’appelle Euronews-NBC. Quand ce changement doit-il intervenir ?

C’est déjà le cas au niveau commercial. Nous lançons beaucoup d’émission actuellement à l’antenne. Nous avons lancé Good Morning Europe, nous allons lancer à la fin de l’année une émission politique à partir de Bruxelles et d’autres projets encore. Une fois que tout cela sera fait et stabilisé, nous commencerons le travail pour que le nom Euronews-NBC arrive à l’antenne.

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