Nutella garde un bon coup de palme

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Depuis quelques jours, Nutella est au cœur d'un débat provoqué par l'adoption par le Sénat du texte qu'on appelle désormais l'amendement Nutella et qui prévoit l'augmentation de 300% de la taxe sur l'huile de palme. Après avoir fait savoir qu’elle n’entendait pas changer sa recette malgré cette surtaxe pourtant destinée à inciter les industriels à réduire l’utilisation d’huile de palme, Ferrero a pris la parole en presse quotidienne vendredi dernier dans le Monde, le Figaro et Les Echos. Conçue par l’agence Providence, l’annonce en double page avait pour objectif d’expliquer la présence de l’ingrédient controversé dans la recette de Nutella et d’annoncer la mise en ligne d’un site pour répondre aux questions du public. Un trop long silence étant forcément considéré comme coupable en situation de crise, la célèbre pâte à tartiner du groupe Ferrero nommément citée se devait de prendre la parole. En annonçant qu'elle ne changerait pas sa recette, une posture assez prévisible pour dire que la polémique autour de l'usage de l'huile de palme était un non sujet, Ferrero se devait d’exposer les arguments confortant sa position :  les bénéfices ergonomiques et gustatifs de l'huile de palme, sa culture responsable,  l'absence de dangerosité de l'ingrédient... Le tout agrémenté d'études et d'enquêtes cohérentes et crédibles, mais tout aussi constestables et contestées par ses détracteurs (eux-mêmes confortés par d'autres études démontrant exactement le contraire).

 Une stratégie du parole contre parole qui devrait in fine conduire à une situation de statu quo à court et moyen terme, personne ne pouvant (ou ne voulant) vraiment vérifier les dires des uns et des autres. Une situation qui sera probablement profitable à la marque qui dispose d'un fort capital sympathie, que l'on retrouve dans de très nombreux foyers et dont les consommateurs n'ont pas vraiment envie de se passer.

Pour l'heure, Nutella se retrouve donc en position de force. Et ce d’autant plus qu’elle est loin d'être la seule à utiliser l'huile de palme, qui doit représenter aujourd'hui 30 % de l'huile végétale utilisée dans l'industrie agro alimentaire. Un changement d'ingrédient à grande échelle ne pouvant s'opérer de manière radicale, il paraît trop risqué et donc difficilement envisageable par les industriels. Là où l'on peut en revanche se demander si la marque n'a pas pris un risque, c'est qu'en ne faisant qu'asséner ses vérités, elle s'emprisonne dans sa posture. Si demain, un consensus devait se créer sur la dangerosité de l'huile de palme ou la nuisance que sa culture génère sur l'environnement, il lui serait plus difficile de retomber sur ses pieds.



 



 

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