AFP : Michel Françaix remet son pré-rapport

Le député Michel Françaix a proposé jeudi, dans un pré-rapport sur l'Agence France-Presse, que l'AFP crée une filiale centrée sur les investissements techniques, afin d'obtenir 33 millions d'euros de financements publics nécessaires à son développement. Le député socialiste, mandaté par le gouvernement en septembre pour se pencher sur les moyens et l'avenir de l'AFP, estime que deux financeurs publics pourraient apporter ces fonds. L'apport à la filiale serait "compatible" avec les règles européennes, a-t-il expliqué. D'une part la Caisse des dépôts s'est dite "ouverte à l'examen du dossier",  a-t-il souligné. Épaulée par la Banque publique d'investissement, elle pourrait apporter 16 ou 17 millions d'euros, dont 8 millions en apport au capital de la nouvelle filiale et 8 millions en prêt. D'autre part le Commissariat général à l'investissement "pourrait apporter un prêt de 15 à 20 millions" via le Fonds national de la société numérique, a-t-il ajouté. La nouvelle filiale achèterait des équipements techniques et les louerait à l'AFP, a-t-il expliqué. "Il ne s'agit pas de filialiser des activités éditoriales", a-t-il souligné. De son côté, l'AFP devra contribuer au capital de cette filiale, en fonds ou en moyens.

Une privatisation définitivement rejetée

Cette proposition intervient alors que l'AFP négocie avec la Commission européenne pour faire accepter la légalité de ses subventions d'Etat. Depuis une plainte de l'agence allemande DAPD contre l'AFP à Bruxelles en 2010, l'accusant de recevoir des subventions illicites de l'Etat français, l'Agence plaide pour faire reconnaître que ces subventions sont justifiées par ses missions d'intérêt général. En mars 2012, le Parlement français a reconnu légalement ces missions en les inscrivant dans le statut de l'AFP, ce qui a renforcé les arguments de l'Agence et écarté l'hypothèse d'une demande de remboursement d'aides antérieures. Reste une discussion sur les montants de subventions autorisées par Bruxelles à ce titre. Selon M. Françaix, Bruxelles pourrait accepter que l'Agence perçoive, à ce titre, une subvention de 100 millions environ, sur les 120 millions que lui verse l'Etat actuellement. Les 20 millions supplémentaires seraient considérés comme relevant des abonnements de l'Etat à ses services. Ces subventions publiques, désormais reconnues, ne pourraient cependant guère augmenter. Avant de se prononcer en faveur de la création d'une filiale, le député a exploré plusieurs autres pistes pour refinancer l'AFP sans passer par des subventions, qu'il a toutes écartées. Il a ainsi "rejeté définitivement" l'idée d'une privatisation.

Un résultat net à l'équilibre en 2014

Le député propose aussi d'allonger le mandat du PDG de l'AFP de 3 à 5 ans, renouvelables. Il propose également d'ouvrir le conseil d'administration à de nouvelles personnalités, sans lien avec les clients, pour éviter que les administrateurs de l'AFP soient aussi tous ses clients. Après un chiffre d'affaires estimé à 282,5 millions en 2013, l'Agence prévoit un résultat net à l'équilibre pour 2014 et vise une hausse de son chiffre d'affaires de 2 à 2,5% par an pour 2014-2018, grâce au éveloppement de la vidéo, de l'information sportive et de l'international.

Une érosion des clients historiques

"Toute solution qui permet des apports de capitaux et de financer l'évolution de l'AFP en respectant son indépendance éditoriale est une bonne solution", a pour sa part commenté le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog, rappelant que l'AFP a déjà plusieurs filiales. Quant aux discussions en cours avec Bruxelles, "je souhaite qu'au titre des missions d'intérêt général nous puissions asseoir une solution durable sérieuse", a-t-il ajouté. "L'AFP connaît une érosion de ses clients historiques", a estimé pour sa part M. Françaix. "Sans diversification, son chiffre d'affaires baissera de 1% à 2% par an et elle sera en déficit. Or c'est la seule agence de presse de langue française, un vecteur d'influence de la France. Le statu quo serait une erreur stratégique", a-t-il dit.


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