AFP : une filiale pour 36 millions € de financements?

L'AFP, qui doit trouver des fonds pour financer son développement, pourrait créer une filiale centrée sur les investissements techniques afin d'obtenir jusqu'à 36 millions d'euros de financements publics, a proposé mardi le député Michel Françaix dans un rapport sur l'Agence France-Presse. Mandaté en septembre par le gouvernement pour se pencher sur l'avenir de l'AFP- une société au statut particulier sans capital, ni actionnaires -, ce député socialiste spécialiste des médias estime que la création de cette structure compatible avec le droit européen est "la plus simple, la plus efficace et la plus acceptable par tous". Selon Michel Françaix, qui a remis son rapport mardi matin au Premier ministre Manuel Valls, plusieurs institutions financières publiques pourraient intervenir dans le financement de cette nouvelle filiale. La Caisse des dépôts et consignations investirait 8 millions d'euros, tandis que le Commissariat général à l'investissement pourrait "octroyer à la filiale de l'AFP un prêt de l'ordre de 15 à 20 millions d'euros provenant du Fonds national pour la société numérique". De son côté, la Banque publique d'investissement (BPI France), apporterait un "prêt à l'AFP qui pourrait atteindre 8 millions d'euros".

La nouvelle filiale achèterait des équipements techniques et les louerait à l'AFP. De son côté, l'Agence, qui a déjà plusieurs filiales, devrait contribuer au capital de cette structure nouvellement créée, en fonds et en moyens. La création de cette filiale privée, relevant du droit commercial, aurait l'AFP pour actionnaire majoritaire, ce qui permettrait de respecter l'indépendance "statutaire et éditoriale" de l'Agence, prévue dans une loi de 1957, et s'opèrerait "sans aucune modification du cadre d'emploi de ses personnels", souligne le rapport. Ce "plan d'investissement sur 5 ans" pourrait être suivi dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens (COM), actuellement en discussion avec l'Etat et portant sur la même période : 2014-2018. Le député propose aussi d'allonger le mandat du PDG de 3 à 5 ans, renouvelables. Il suggère également d'ouvrir le conseil d'administration à de nouvelles personnalités, sans lien avec les clients, comme c'est le cas aujourd'hui, pour éviter les conflit d'intérêts. Pour entrer en vigueur, les différentes propositions du rapport doivent être traduites dans une ou plusieurs lois adoptées par le parlement. Ce rapport intervient alors que la Commission européenne vient d'accepter fin mars l'octroi d'aides publiques à l'AFP pour "des missions d'intérêt général". La Commission avait été saisie en 2010 d'une plainte émanant de l'agence de presse allemande DAPD, qui a disparu depuis, accusant l'AFP de recevoir des subventions illicites de l'Etat français.

Un rapport sérieux, crédible et innovant

Emmanuel Hoog, président-directeur général de l’AFP s'est réjouit de la publication de ce rapport qui « apporte des solutions sérieuses, crédibles et innovantes, conformes à notre statut et notre indépendance ». Pour lui, il s'agit maintenant « de disposer des outils et leviers permettant d’investir pour l’avenir et d’accompagner les mutations historiques que connaît le secteur de l’information ». L’AFP va travailler dans « les prochaines semaines » avec l'État et des investisseurs publics à la mise en œuvre des préconisations du rapport. « L’Etat et l’Agence finaliseront également la négociation du prochain contrat d’objectifs et de moyens qui tracera les perspectives d’exploitation et d’investissement de l’AFP pour les cinq prochaines années », conclut-il.

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