Arte : Véronique Cayla veut un frein à la nouvelle colonisation numérique

La présidente d'Arte Véronique Cayla a appelé lundi à "mettre un frein à la nouvelle colonisation numérique" des géants américains comme Google ou Amazon, suggérant par exemple qu'ils ne soient pas prioritaires pour l'internet à très haut débit. "C'est impératif si nous ne voulons pas que nos identités nationales européennes se dissolvent sous l'effet de la concurrence, souvent inéquitable, des grands groupes américains non régulés, les GAFA" (acronyme pour Google, Apple, Facebook et Amazon), qu'elle qualifie de "prédateurs numériques". Ces groupes "siphonnent nos ressources publicitaires grâce à une optimisation fiscale maximale" et pratiquent une "prédation des données personnelles", a-t-elle déclaré en présentant la grille de rentrée d'Arte. "Ces évolutions sont autant de coups de boutoir qui doivent nous conduire à revoir, pour les adapter, les bases de notre régulation", a-t-elle estimé, en suggérant de "ne plus garantir l'accès au plus haut débit qu'à ceux qui accepteront d'investir dans les œuvres audiovisuelles et cinématographiques européennes". Une entorse à la "neutralité du net" qu'a déjà proposée le président du CSA, Olivier Schrameck.

Son offensive survient à quinze jours de l'annonce de l'arrivée en France du service de vidéo à la demande Netflix, qui sera basé au Luxembourg puis aux Pays-Bas et donc exempté de l'obligation de financer les œuvres françaises imposées aux acteurs nationaux. Mme Cayla a aussi réclamé que "sans trop attendre" la redevance télé soit élargie aux foyers qui possèdent un ordinateur ou une tablette, comme l'a fait l'Allemagne en 2013. Arte est financée presque intégralement par les recettes de la redevance, que se partagent tous les groupes audiovisuels publics.

Pas de rallonge de 9 millions €

Arte a par ailleurs présenté pour la rentrée une grille riche de films d'auteurs et surtout de nombreux documentaires ambitieux, dont une série sur les camps de réfugiés et sur les 25 ans de la chute du Mur de Berlin. Côté fiction, la chaîne diffusera la deuxième saison de sa série "Ainsi soient-ils" et la saison 3 du dessin animé "Silex and the City", ainsi qu'une mini-série "policière et burlesque" réalisée par le cinéaste Bruno Dumont, "P'tit Quinquin", qui se déroule dans le Nord-Pas-de-Calais. Au programme également, des fictions européennes dont une série norvégienne, Lylyhammer. Arte France, dont la part d'audience se maintenait en juin à 2%, risque de ne pas obtenir la rallonge de 9 millions d'euros qu'elle espérait, sur un budget actuel de 268 millions d'euros dont 129 millions pour les programmes (contre 133 millions en 2012). "Il nous fallait 9 millions, je pense qu'on ne les aura pas", a-elle regretté, en attendant des arbitrages courant septembre.

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