Audiovisuel public : des pistes de réformes présentées au ministère de la Culture

Les patrons de l'audiovisuel public, en l'absence notable de Mathieu Gallet, ont présenté vendredi à la ministre de la Culture des propositions de "synergies" entre leurs groupes, dans le cadre d'une réforme compliquée par la révocation du président-directeur général de Radio France. Les PDG des entreprises concernées, dont Delphine Ernotte Cunci pour France Télévisions et Marie-Christine Saragosse pour France Médias Monde (France 24, RFI…), étaient présents pour cette réunion à huis clos au ministère de la Culture, alors que Radio France était représentée par Bruno Laforestrie, le directeur de Mouv', et Eric Revel, le directeur de France Bleu. Les entreprises du secteur avaient été chargées fin décembre par Françoise Nyssen de plancher sur cinq chantiers prioritaires, qui comprennent, outre la jeunesse et l'offre de proximité, les coopérations internationales, le numérique, et les synergies en matière de ressources. Leurs propositions, d'après des sources interrogées par l'AFP, confirmant un article des Echos, reprennent largement des pistes déjà connues, comme la mise en place d'une matinale d'info commune à France 3 et France Bleu, la mise en commun de certains bureaux en régions ou à l'étranger, la mutualisation d'une partie des achats ou une coopération en matière de formation.

Elles incluent également des projets déjà bien avancés, comme la plateforme numérique culturelle de l'audiovisuel public (en décembre, la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, avait indiqué à l'AFP qu'elle visait un lancement avant le printemps), ou la future plateforme de vidéo sur abonnement de France Télévisions, qui pourrait accueillir des contenus issus d'Arte et de l'Institut national de l’audiovisuel (INA). Si ces propositions sont très consensuelles, la réforme que conduira le gouvernement pourrait être beaucoup plus radicale et suscite de fortes inquiétudes au sein du service public. Des craintes alimentées par la fuite mi-novembre d'un document de travail du ministère de la Culture, qui proposait pêle-mêle de réunir les groupes du secteur dans une holding, sorte de "BBC à la française", de fusionner France 3 et France Bleu, de supprimer France Ô (la chaîne des Outremer) ou encore de cesser la diffusion hertzienne de France 4 et du Mouv'.

Lors de ses vœux fin janvier, la ministre de la Culture a dit vouloir avancer "sans tabous" et "faire une transformation très ambitieuse, très audacieuse" de l'audiovisuel public, pour qu'il reste "une référence". Le gouvernement veut avancer vite : un groupe de députés LREM doit remettre des propositions fin mars. Avec la concertation menée avec les entreprises, elles sont censées alimenter un futur projet de loi, qui sera présenté en conseil des ministres fin 2018, selon le calendrier fixé par Emmanuel Macron. À Radio France, beaucoup redoutent que la révocation de Mathieu Gallet ne fragilise le groupe dans cette vaste recomposition. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) a ainsi réclamé dès mercredi une suspension de la réforme, en attendant que son successeur soit nommé.Mais la députée Frédérique Dumas, qui coordonne le groupe de travail LREM sur l'audiovisuel public, a assuré au Monde que la révocation de M. Gallet "ne modifie pas le timing de la réforme".

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