Audiovisuel public : Françoise Nyssen définit 5 chantiers prioritaires

Avec en ligne de mire la grande réforme de l'audiovisuel public, ardemment souhaitée par l'Elysée d'ici la fin 2018, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a fixé jeudi cinq "chantiers prioritaires" aux patrons du secteur, appelés à être "encore plus offensifs, plus ambitieux". Le président Emmanuel Macron a confirmé dimanche dernier vouloir lancer en 2018 un "grand travail de réflexion" sur l'audiovisuel public, estimant que le système devait notamment s'adapter aux nouveaux usages des téléspectateurs, en particulier des jeunes. Première étape de cette "réflexion": les patrons des médias concernés vont plancher jusqu'à fin janvier sur ces cinq "chantiers" de coopération qui seront pris en main par un binôme ou un trinôme de dirigeants qui assurera la coordination des travaux de l’ensemble des sociétés. Le dossier touchant à la reconquête du jeune public sera ainsi piloté par Delphine Ernotte Cunci et Mathieu Gallet tandis que celui lié aux  coopérations internationales, sous la houlette de Véronique Cayla et Marie-Christine Saragosse, avec en ligne de mire le développement des programmes en langue étrangère, les coproductions et les coopérations en matière de diffusion. Le troisième chantier sera pour sa part consacré à l'offre de proximité au service des usagers dans les territoires, grâce à une coopération accrue entre les réseaux régionaux TV et radio. Il est placé sous la responsabilité là aussi de Mme Ernotte Cunci et M. Gallet. Le chantier suivant concerne une offre commune en ligne, piloté par Laurent Vallet, Véronique Cayla et Delphine Ernotte Cunci, où l’ambition affichée sera de « penser le service public comme un média global, avec des plateformes numériques communes, notamment en matière d’information et de programmes éducatifs et culturels », insiste la ministre. Enfin, le 5ème chantier travailler aux synergies sur les ressources transverses, avec un éclairage particulier sur la formation « qui est un enjeu majeur et commun pour faire face aux mutations de l'audiovisuel ». Un travail qui sera assuré par Marie-Christine Saragosse, Yves Bigot et Laurent Vallet. Et pour aller vite, la ministre délivre les règles du jeu : « sur chacun de ces chantiers, j’attends des propositions précises et un calendrier de mise en œuvre. Je rassemblerai de nouveau les six dirigeants avant la fin du mois de janvier pour discuter des premiers résultats, sur chaque chantier ».

Les pistes de collaborations

Le tout dans un contexte de coupes budgétaires, France Télévisions devant notamment digérer une réduction de 50 millions d'euros de son budget pour 2018 que le groupe annonce d’ores et déjà tout de même à l’équilibre. D’ailleurs, les dirigeants de France Télévisions, Radio France, TV5 Monde, France Médias Monde (comprenant notamment RFI et France 24), l’Institut national de l'audiovisuel (INA) et Arte ont été reçus jeudi matin par la ministre pour présenter leurs premières pistes de coopération, qui constituent le socle des cinq chantiers retenus par le ministère. Ils proposent notamment des "tranches" matinales communes à France 3 et France Bleu ou une "plateforme numérique intégrée" axée sur la culture et associant leurs groupes. Un rapprochement des réseaux de correspondants à l'étranger est également envisagé, avec la "création de bureaux communs" dans cinq pays où RFI et Radio France disposent aujourd'hui de correspondants séparés (Pékin, Moscou, Jérusalem, Washington et Bruxelles). L'INA et France Télévisions devraient opérer ensemble la future plateforme de vidéo en ligne du service public. Associées à Radio France, les deux sociétés étudient également la création d'un centre de formation commun.

Parallèlement, à l'Assemblée nationale, "un groupe de travail resserré" va également plancher sur des pistes de réforme de l'audiovisuel. Composé d'une "dizaine de députés", il se réunira à partir de début janvier et devrait remettre une série de propositions au gouvernement au mois de mars, a annoncé mercredi Gabriel Attal, chef de file LREM à la commission des Affaires culturelles et de l'Education. Ces pistes de collaboration entre groupes publics constituent la première étape de la réforme promise par Emmanuel Macron dans son programme présidentiel, et qui devrait aboutir à une loi fin 2018, selon le ministère de la Culture. Le candidat Macron proposait également que les conseils d'administration des groupes publics désignent désormais leurs dirigeants, à la place du CSA. Selon un document de travail provisoire, et non validé, qui avait fuité à la mi-novembre du ministère de la Culture, le gouvernement réfléchissait à la création d'une holding qui regrouperait les sociétés du secteur, comme une sorte de "BBC à la française". Une fusion de France 3 et France Bleu était aussi imaginée, ainsi que la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique.

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