Avec Cablevision, Altice devient aussi un géant américain

Le groupe Altice a racheté le câblo-opérateur américain Cablevision pour un montant le valorisant à hauteur de 17,7 milliards de dollars, confirmant les ambitions de l’homme d’affaires franco-israélien Patrick Drahi aux Etats-Unis. Cette opération marque une étape importante dans la construction de l’empire des télécoms et des médias du milliardaire en faisant du nouvel ensemble le quatrième plus gros câblo-opérateur sur le marché américain. L’opération permettra aussi au magnat de mettre la main sur la société de services Lightpath, le réseau de télévision locale new-yorkais News 12 Networks ainsi que les quotidiens Newsday et amNewYork. La transaction, attendue au premier semestre 2016, sera financée par 14,5 milliards de dollars de dette existante et nouvelle assumée par Cablevision, un reliquat de trésorerie disponible chez le câblo-opérateur, et 3,3 milliards de dollars en numéraire de la part d’Altice. Cette acquisition augmente encore la dette d'Altice dont le montant est aujourd’hui évalué à 45 milliards d’euros. Un niveau record, facilité par un prix de l’argent extrêmement bas et qui n’inquiète visiblement pas les banques et les analystes à l’inverse du gouvernement français, pour qui un effondrement du groupe aurait des conséquences graves pour l’économie française. Le message semble être passé : Patrick Drahi a modifié cet été la structure capitalistique d'Altice, ce qui lui permet de financer des acquisitions via un échange d’actions ou une augmentation de capital sans craindre de perdre le contrôle de son groupe.

Créé en 1973, Cablevision a réalisé un chiffre d’affaires de 6,46 milliards de dollars pour un bénéfice net de 311,4 millions. Le groupe, dont le siège est basé dans l’Etat de New York, employait plus de 15 000 personnes fin 2014. Les ambitions affichées d’Altice en termes de synergies "vont être accueillies avec scepticisme" sur le marché américain où les coûts liés aux contenus sont généralement plus élevés qu’en Europe, estiment les analystes de Deutsche Bank dans une note. "Mais l’entreprise a fait preuve par le passé de sa capacité à couper dans d’autres dépenses", ajoutent-ils.

Altice est déjà un géant européen des télécoms et des médias, avec un portefeuille s’étendant de Numericable-SFR, NextRadioTV (BFMTV et RMC), Libération et L’Express en France à Portugal Telecom en passant par la chaîne d’informations i24news en Israël. Mais le groupe s’est fixé pour objectif de générer à terme la moitié de ses revenus aux Etats-Unis contre 15 % prévu fin 2015. Il n’en a donc pas fini avec ses emplettes d’autant que le numéro un américain du câble Comcast a les mains liées du fait de sa taille et que les deux autres mastodontes Charter/Time Warner sont en train de fusionner. La liste de ses cibles américaines comprend, selon des sources bancaires, Verizon Communications FiOS, les activités du câble et de cuivre de l’opérateur télécoms Verizon, évaluées à environ 34 milliards de dollars par l’analyste Michael Rollins de Citigroup. M. Drahi, résident fiscal suisse, étudie aussi un rachat de Cox Communications ou Mediacom, selon ces sources. L’opérateur télécoms T-Mobile US, filiale américaine de Deutsche Telekom, en quête d’un acquéreur, l’a contacté mais il n’a pas donné suite dans l’immédiat, selon des sources proches du dossier. À terme, Altice, créé en 2001 et employant 40 000 personnes, pourrait proposer des offres triple play (internet, mobile, télévision) ou quadruple play comme le fait depuis peu AT and T. Seul hic dans son ascension, sa dette évaluée à environ 45 milliards d’euros avec la dernière transaction, et qui lui vaut les critiques du gouvernement français, pour qui un effondrement du groupe aurait des conséquences graves pour l’économie française. Le message semble être passé : Patrick Drahi a modifié cet été la structure capitalistique d’Altice, ce qui lui permet de financer des acquisitions via un échange d’actions ou une augmentation de capital sans craindre de perdre le contrôle de son groupe.

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