Deux têtes pour dénouer la crise au Monde

En cinq jours seulement, les propriétaires du Monde ont remplacé la directrice démissionnaire Natalie Nougayrède par un tandem choisi en interne, Gilles van Kote et Jérôme Fenoglio, afin de dénouer la crise et de poursuivre au plus vite une délicate transition numérique. Jérôme Fenoglio, ex-rédacteur en chef du Monde.fr, a été nommé lundi directeur des rédactions, sous l’autorité de Gilles van Kote, choisi jeudi comme directeur du Monde. Comme le souhaitait la rédaction, Le Monde sépare les fonctions de direction du journal et de direction de la rédaction, auparavant cumulées par Natalie Nougayrède. Contestée, celle-ci a démissionné mercredi après seulement 15 mois de mandat. Journalistes et chefs de service lui reprochaient une gestion "autarcique" et "rigide" et des réformes menées sans concertation. La contestation a été déclenchée par l’annonce en février du plan de mobilité prévoyant, d’ici juin, le passage sur la rédaction numérique d’une cinquantaine de journalistes venant de l’édition papier, qui en comptait 300 -- la plus importante réforme engagée au Monde depuis trois ans. La crise s’est aggravée début mai quand la rédaction a adressé à Natalie Nougayrède un message de défiance et que sept rédacteurs en chef ou adjoints ont démissionné. Leur fronde a fait partir toute l’équipe Nougayrède : ses deux adjoints, Vincent Giret et Michel Guerrin, tout autant critiqués, ont démissionné il y a 10 jours. Natalie Nougayrède a tenté, en vain, de se constituer une nouvelle équipe, avant de jeter l’éponge. 


Poursuivre les réformes

La direction ne voit pas dans leurs remplacements un frein à ses projets, au contraire. Dans un communiqué, elle a souligné que Jérôme Fenoglio "aura pour mission, aux côtés de Gilles van Kote, de poursuivre les réformes engagées tant au niveau rédactionnel sur le print et le numérique qu’en ce qui concerne la transformation des organisations". Jérôme Fenoglio, 47 ans, est un journaliste aguerri, entré il y a 23 ans au Monde où il a occupé plusieurs fonctions hiérarchiques, y compris dans les éditions numériques. Il a notamment été chef du service Société en 2004, rédacteur en chef adjoint du Monde 2 en 2007, puis rédacteur en chef du Monde.fr en 2011. "Nous sommes satisfaits que ça aille vite, ça conforte l’apaisement dans cette crise. Pour la suite, nous verrons, en fonction aussi des adjoints qui seront nommés" pour assumer la fonction de rédacteur en chef, a-t-on commenté de source syndicale. "Jérôme Fenoglio devrait avoir  toute latitude pour diriger la rédaction, le partage des tâches est clair entre les deux hommes", selon la même source. "Mais il faudra voir sa marge de manœuvre par rapport à Louis Dreyfus", le président du directoire, qui orchestre les réformes en cours. "Nous verrons lors de la reprise des négociations sur le rapprochement des différents statuts entre journalistes le 23 mai et sur le plan de mobilité le 28 mai si le climat a changé, ou si nous devons à nouveau nous bagarrer". La semaine dernière, en signe d’apaisement, Louis Dreyfus a choisi de ralentir la cadence des réformes, reportant à l’automne le plan de mobilité ainsi que la nouvelle formule papier. Autre projet, une éventuelle édition du matin pour mobiles pour laquelle Le Monde a déjà reçu 1,8 million d’euros du nouveau fonds de Google pour la presse française. 

 

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