France Télévisions : Delphine Ernotte Cunci, de l’ombre à la lumière…

Son nom aura été longtemps une hypothèse, une conjecture… Jamais, en effet, Delphine Ernotte Cunci, actuelle directrice exécutive d'Orange France, n’a officiellement annoncé sa candidature à la présidence de France Télévisions. Et pourtant. Le CSA l’a officiellement nommée jeudi à la présidence du groupe audiovisuel public pour une durée de 5 ans, à compter du 22 août prochain. Première femme à ce poste, elle s’opposait à Pascal Josèphe, un habitué de l'audiovisuel, passé par TF1, France 2, France 3 et La Cinq, et reconverti dans le conseil sur les médias, et lui-même jamais officiellement déclaré candidat, dans une finale à suspense. Les Sages du CSA ont dû semble-t-il bataillé, les rumeurs faisant état d’une stricte égalité de voix (4 voix pour chacun des candidats) suite à une nouvelle audition organisée dans l’après-midi de jeudi. Pour être élu, le futur président de France Télévisions devait recueillir cinq suffrages sur huit. Mme Ernotte Cunci est finalement désignée.

Le CSA explique son choix

Dans la soirée, le CSA publiait un avis motivé pour expliquer son choix. Après avoir rendu hommage, comme il se doit, à Rémy Pflimlin président sortant de France Télévisions, l’instance souligne qu’elle a fait le choix d’une femme « dotée de solides compétences de management et d'une expérience reconnue dans la gestion du dialogue social, qui a exercé des fonctions de direction au sein de l'un des plus grands groupes numériques européens, imprégné d'une forte culture de service public ». Pour elle, le projet stratégique proposé par Delphine Ernotte Cunci est apparu comme « conciliant de manière équilibrée l’ambition réformatrice portée par une vision exigeante de la télévision  publique de demain, le souci d'une continuité indispensable a une transformation sereine et apaisée de l'entreprise, et la volonté de susciter l’adhésion des personnels pour conduire les changements nécessaires ». Le CSA a aussi relevé ses propositions consistant à « bâtir, par la négociation et le dialogue, un plan stratégique visant à promouvoir la confiance au sein de France Télévisions, en identifiant les investissements et les adaptations nécessaires à l'essor du groupe ». Il a ainsi salué son ambition de vouloir rénover l’offre proposée au public « en affirmant mieux » les caractéristiques des chaînes : les programmes fédérateurs sur France 2, le patrimoine et les territoires sur France 3, la jeunesse sur France 4, la connaissance sur France 5, les outremers sur France Ô ». Il a en outre "apprécié" son triple souhait d'innover davantage dans les programmes afin de toucher tous les publics, "notamment les plus jeunes", de placer les nouveaux usages numériques "au cœur de l'offre"» et de faire émerger "un nouveau modèle économique pour la diffusion des programmes, apte à procurer de nouvelles ressources pour développer le groupe", souligne-t-il. Le CSA se dit enfin avoir été convaincu par la volonté de Delphine Ernotte Cunci de promouvoir le service public à "travers la conclusion d'un pacte entre la télévision publique et la production française, le développement d'une télévision de qualité reflétant toutes les cultures et la création d'une chaîne publique et numérique de l’information".

France Télévisions a besoin d’un projet audacieux

Dans la foulée de cette nomination, la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin a adressé ses félicitations à Mme Ernotte-Cunci pour sa nomination. Dans un communiqué, elle dit se "réjouir" de travailler avec elle et "avec l’ensemble des salariés pour construire l’avenir de France Télévisions, dans le cadre des orientations stratégiques fixées par l’Etat en mars dernier". Selon la ministre, France Télévisions "a besoin d’un projet audacieux, en prise avec son époque, au service de la création, de la diffusion de la culture, et de la promotion d’une citoyenneté partagée" afin de faire vivre ses missions"à l’ère numérique : faire comprendre, rayonner, participer". Elle salue au passage Rémy Pflimlin qui a su "enclencher la transformation numérique de l’entreprise, entretenir un dialogue social nourri dans un contexte difficile, parachever la mise en place de l’entreprise unique, et enrichir l’offre d’information et de magazines d’information".

SNJ : rencontrer Mme Ernotte Cunci dans les prochains jours

Le SNJ (Syndicat national des journalistes), pour sa part, a demandé jeudi soir à rencontrer le nouveau président de France Télévisions "dans les tous prochains jours", soulignant que Mme Ernotte Cunci, "candidate de l'ombre", n'a jusqu'alors "rien dévoilé" de son projet pour le service public audiovisuel". Selon lui, "un mauvais signe" pour les salariés du groupe tout en l'appelant à "rendre public son projet stratégique, celui qu’elle a présenté au CSA et qui lui a donc permis d’être choisie".En tout cas, pour le SNJ, France Télévisions "a surtout besoin d’un projet d’avenir, éthique, ambitieux, et partagé avec ses salariés".

Agée de 48 ans, Mme Ernotte Cunci a débuté sa carrière chez Orange, alors France Télécom, en 1989 comme analyste financier puis comme ingénieur économiste au sein de la recherche et développement. En 2004, elle est nommée directrice régionale Centre Val de Loire puis, en juillet 2006, elle prend la direction de la communication commerciale et du sponsoring France. En mai 2008, elle devient directrice commerciale France et assure à partir de juillet 2009 les fonctions de directrice grand public France.

Orange France : Stéphane Richard assure la continuité

Chez Orange France, "afin d’assurer la transition managériale (…) dans les meilleures conditions ainsi que le déploiement opérationnel du nouveau plan stratégique Essentiels2020, j’ai décidé d’assumer directement, à partir du 27 avril prochain, la direction d’Orange France, avec le plein appui de Delphine Ernotte Cunci", a pour sa part déclaré Stéphane Richard, président-directeur général d’Orange.

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