France Télévisions prépare sa mue

En chantiers. Le groupe France Télévisions, alors que se prépare la réforme de l’audiovisuel initié par le gouvernement, finalise sa réorganisation dont les contours ont été abordés par Takis Candilis, directeur général délégué à l'antenne et aux programmes, lors du traditionnel déjeuner de l’Association des journalistes médias (AJM). Un projet qui met fin aux patrons de chaîne pour les remplacer par des directions « transverses » et qui devrait être présentées aux organisations de personnels du groupe audiovisuel public dans les semaines qui viennent, pour entrer en vigueur dès le début de 2019. Si rien n’est encore tout à fait figé, M. Candilis a annoncé que la direction des programmes serait assurée par Nathalie Darrigrand tandis que la direction des antennes le serait par Caroline Got. Les directions transverses auront quant à elles toute autonomie pour développer des programmes. « Notre idée est d’avoir un équilibre profond entre les antennes linéaires et/ou numériques et les programmes », souligne-t-il. Ainsi par exemple, dans le projet actuellement discuté, il y aurait 3 unités de programmes fiction (fiction nationale, fiction numérique et fiction internationale) alors que côté documentaire, « nous travaillerons par genres » (musique, environnement, histoire…). En tout état de cause, chaque directions « transverses » se verra dotée d’un(e) responsable numérique. Dans cette nouvelle configuration, « les budgets de productions sont dans les unités de programmes tandis que les coûts de grilles seront globaux », relève M. Candilis. Dans chaque catégorie de programmes (doc, magazines, flux…) seront en outre systématiquement dégagés des moyens pour le numérique afin d’atteindre les 200 millions € de financement dédié à l’horizon 2022, selon la volonté du ministère de la Culture.

Si la nouvelle organisation peut inquiéter les producteurs, Takis Candilis indique que des négociations avec eux ont actuellement lieu. « Est-ce que cela à un sens d’acquérir les droits d’un programme linéaire avec une catch-up 7 jours ? Je réponds non ». « Nous souhaiterions gérer ces droits sous forme d’exclusivité. Nous voudrions repenser les droits dont nous avons besoin afin de nous constituer un fonds de catalogue de programmes », insiste-t-il. Car le dirigeant sait bien ce qui l’attend avec la disparition de France 4 du linéaire pour le seul numérique et celles de France Ô dont les programmes seront disséminés sur les chaines du groupe. « Il va nous falloir recomposer sur 3 chaines ce que nous faisions sur 5 chaines », assène-t-il.

Bonne pioche pour ‘’Un si grand soleil’’

Enfin, Takis Candilis s’est réjoui du lancement du feuilleton quotidien de France 2, « "Un si grand soleil ». Une « leçon globalement très positive » pour France Télévisions, avec plus de 4 millions de téléspectateurs certains jours, sans affecter « Plus belle la vie », a-t-il estimé. France 2 avait fait un pari en lançant à la rentrée son nouveau feuilleton quotidien à un horaire inattendu, à 20H40, plutôt qu'en fin d'après-midi. De son côté, pour ne pas cannibaliser « Un si grand soleil », France 3 a avancé d'une dizaine de minutes son feuilleton « Plus belle la vie », à 20H20. Pour le directeur général délégué à l'antenne et aux programmes de France Télévisions, les audiences depuis la rentrée montrent que ces choix ont bien fonctionné. « Les chiffres le montrent : on oscille entre 3,5 millions et 4,1 millions de téléspectateurs (...) et le public est présent tous les soirs, sans que cela n'enlève rien à « Plus belle la vie », et d'ailleurs non plus à « Demain nous appartient », feuilleton de TF1 diffusé avant 20H, a-t-il relevé. « Nous avons fait des études pour mesurer les reports, et environ 30% des personnes qui sont devant « Plus belle la vie » se retrouvent devant « Un si grand soleil », et 45% de ceux qui étaient devant le Journal télévisé se retrouvent devant « Un si grand soleil » », a-t-il ajouté, ce qui démontre la « complémentarité » entre les deux feuilletons, estime-t-il. Si « Un si grand soleil » avait été programmé plus tôt, vers 18H/18H15, comme cela avait été pressenti avant son lancement, « il aurait eu 1,5 à 1,8 million de téléspectateurs », a ajouté le dirigeant. « Je suis très heureux de ces audiences et je pense que nous allons toucher des publics plus larges et rajeunir » l'audience, a-t-il espéré, précisant que l'âge moyen du feuilleton était pour le moment similaire à celui de France 2 (c'est à dire près de 60 ans), mais devrait diminuer « dans les prochains mois », au fil de l'évolution des intrigues. M. Candilis a par ailleurs assuré que le groupe travaillait à « optimiser » l'heure de démarrage de ses programmes en première partie de soirée, censés désormais commencer à 21H sur France 2 mais qui prennent souvent du retard, au grand dam d'une partie des téléspectateurs.

À lire aussi

Filtrer par