France Télévisions : Rémy Pflimlin, entre bilan 2013 et ambition 2014

France Télévisions va poursuivre ses efforts d'économies en 2014-2015 et réduire à nouveau ses effectifs, afin de retrouver des comptes à l'équilibre en 2015, ont annoncé les dirigeants du groupe audiovisuel mardi. Entre ressources publiques moindres que prévu - la loi de finances rectificative de l'été a encore rogné sa subvention de 7 millions - et recettes publicitaires à nouveau en baisse, France Télévisions continue un "plan d'économies sans précédent", a expliqué le directeur des finances Fabrice Lacroix. Le groupe public estime qu'il atteindra son objectif d'un retour à l'équilibre l'an prochain, après un déficit de 85 millions en 2013 dû essentiellement aux coûts de restructuration. En dehors de ces coûts, le résultat net 2013 était proche de l'équilibre (-8 millions €), meilleur que prévu. Au premier semestre 2014, le groupe a cependant vu ses recettes publicitaires baisser de 3,5% sur un an, comme l'ensemble du marché publicitaire, soit un manque à gagner de quelque 5 millions d'euros, a indiqué Rémy Pflimlin.

Ses effectifs ont été réduits de 371 postes équivalent temps plein (ETP) en 2013, revenant à 10 120 ETP. Et sa masse salariale a baissé l'an dernier, "un rareté parmi les groupes publics", a lancé M. Lacroix. Pour 2014, le groupe a mis en place un plan de départ volontaires pour 340 postes, pour lequel il a déjà reçu "plus de 400 demandes", a précisé le directeur des ressources humaines Patrice Papet. "Entre 2011 et 2015, nous aurons réduit les effectifs de 650 ETP, un effort sans précédent", a-t-il souligné. France Télévisions vise 9 750 ETP en 2015, comme le prévoit son contrat d'objectifs et de moyens (COM) conclu avec l'Etat. Il a aussi ramené son taux de non-permanents, notamment les intermittents du spectacle, à 14,24% des effectifs contre 19,15% en 2011. Le groupe continue de serrer tous les boulons, avec des recrutements désormais au compte-goutte (36 l'an dernier, hors titularisations de CDD vs 66 en 2012 ou encore 126 en 2011), des recherches d'économies sur tous les budgets (-29% en 3 ans sur les frais de téléphone mobile, -16% sur un an des frais de mission, -19% en 3 ans sur l'entretien des sites...), des renégociations avec ses fournisseurs et des audits réguliers de ses programmes récurrents.

De la pub après 20h ?

"Par rapport à notre COM initial de 2011, France Télévisions disposera de 300 millions de ressources en moins que prévu initialement. Au lieu de 3,15 milliards, nous aurons 2,85 milliards", a remarqué M. Lacroix. Le groupe se félicite cependant d'avoir alloué environ 400 millions d'euros à la création l'an dernier et préservé, dans ses efforts d'économies, les ressources globales affectées au programmes. M. Pflimlin, dont le mandat s'achève l'été prochain, a lui réclamé une nouvelle réflexion sur la possibilité d'écrans publicitaires après 20 heures. "La tranche 20h-21h nous permettrait d'avoir des écrans puissants, y compris à la mi-temps des événements sportifs", ce qui nous permettrait de les financer, a-t-il plaidé, tout en reconnaissant qu'une réforme en ce sens n'était pour l'instant "pas sur l'établi". Il a aussi souhaité, à l'instar de la présidente d'Arte Véronique Cayla, que "l'assiette de la redevance doit évoluer pour que la redevance colle aux usages des ordinateurs". Il a par ailleurs refusé de dire s'il serait candidat à un nouveau mandat, estimant qu'il fallait "que l'entreprise se mobilise sur ses projets et pas sur (sa) personne".

Plus d'un milliard de vidéos vues en 2014

Du côté numérique, le président-directeur général de France Télévisons a par ailleurs estimé que le groupe avait réalisé ses objectifs de l'an dernier, avec une hausse de la fréquentation de son site de télé de rattrapage Pluzz, qui "dépasse régulièment les 100 millions de vidéos vues par mois" et atteindra plus d'un milliard de vidéos vues en 2014. Selon M. Pflimlin, France Télévisions doit aujourd'hui « réfléchir à (sa) mission ». Autour du digital, le groupe devrai ainsi s'engager dans une réflexion sur les nouveaux usages qui s'appuierait « sur nos valeurs de services public » tout en appelant de ses vœux une actualisation des obligations du groupe « à l'aune de la révolution numérique ». Un groupe qui devra être accessible au plus grand nombre, « ubiquité numérique » oblige... France Télévisions devra également travailler « sur la diversité de ses publics » alors que son cahier des charges « doit être actualisé ». Pour sa part, le directeur de l'information Thierry Thuillier a aussi précisé que le projet de fusion des rédactions de France 2 et France 3, « en phase d'informations des instances », serait "mis en œuvre au deuxième semestre 2015". Enfin, M. Pflimlin a pris acte du succès rencontré par son grand sondage « Génération Quoi ? » qui a recueilli « 250 000 réponses », s'est-il réjoui. Fort de ce succès, il a proposé à l'Union européenne de radio-télévision (UER) de décliner le concept à l'ensemble de la population européenne.

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