INA : Agnès Saal contrainte à la démission

Moins de 48H après sa mise en cause pour ses frais de taxis, la PDG de l’Ina, Agnès Saal, a présenté mardi sa démission à la demande de Fleur Pellerin, désireuse de stopper la polémique après le précédent Mathieu Gallet à Radio France. Depuis lundi matin et les révélations de la presse, le secteur de l’audiovisuel public était au cœur d’une nouvelle tempête médiatique. Agnès Saal (57 ans), nommée à la tête de l’institution il y a un an, venait d’être épinglée pour avoir dépensé plus de 40 000 euros de taxis en dix mois, dont 6 700 euros par son fils qui disposait de son code de réservation auprès de la compagnie G7.  Ces informations, dévoilées par "un corbeau", avaient été envoyées par courrier anonyme aux administrateurs de l’Ina à la veille du conseil d’administration, qui s’est tenu jeudi dernier. Une enquête interne a été ouverte pour identifier le délateur. Une fois les faits connus, les syndicats de l’Ina avaient évoqué la "colère" des salariés ou la crédibilité "très sévèrement entachée" de leur PDG. Une pétition sur Change.org réclamant la démission de la dirigeante recueillait plus de 31 000 signatures en quelques heures et les calculs en tout genre fleurissaient dans les médias sur ce que représentait cette somme. Face à cette nouvelle polémique sur les dépenses de responsables du secteur public, la ministre de la Culture n’a pas tardé à demander la démission d’Agnès Saal. Elle avait, la veille, rappelé "son attachement très ferme à l’exemplarité des dirigeants des organismes publics placés sous sa tutelle". 

À l’issue d’une rencontre rue de Valois, cette démission a pris effet immédiatement. Le secrétaire général de l’Ina, Jean-Marc Auvray, doit assurer l’intérim jusqu’à la nomination d’un prochain président.  Ancienne directrice générale du Centre Pompidou, Agnès Saal avait été nommée à l’Ina en conseil des ministres le 30 avril 2014, sur proposition d’Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture.  Elle remplaçait alors Mathieu Gallet, lui-même désigné par le CSA à la tête de Radio France. Ce dernier s’était retrouvé sur la sellette récemment à cause de l’onéreuse rénovation des boiseries en palissandre de son bureau à la Maison ronde et pour les émoluments d’un conseiller en image. Mathieu Gallet a finalement été blanchi par l’Inspection générale des Finances qui a jugé que ces sommes ne présentaient "pas de caractère abusif". Après ces mises en cause, Fleur Pellerin a engagé "la définition d’un encadrement et d’un contrôle plus efficaces" de ce type de dépenses afin de "donner des directives claires". Ainsi, le 17 avril, des missions ont été confiées à l’Inspection Générale des Affaires Culturelles et au Contrôle Général Economique et Financier (CGEFI) qui "rappelleront le cadre précis dans lequel ces dépenses doivent s’inscrire et proposeront, le cas échéant, de modifier ou d’harmoniser certaines règles de fonctionnement". Quant à l’affaire des taxis d’Agnès Saal, Fleur Pellerin a demandé au CGEFI, service du ministère de l’Economie qui contrôle la gestion de l’argent public, "son analyse et ses recommandations pour les suites qu’il conviendrait éventuellement de donner".

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