La nouvelle vie de Charlie Hebdo

Du passé faisons table rase ? Un peu. Beaucoup. En effet, Charlie Hebdo devrait connaître une rentrée riche avec de nouveaux locaux, une nouvelle formule et une nouvelle répartition de l’actionnariat : Six mois après l’attentat qui a décimé la rédaction, la volonté de tourner la page est là. Pourtant, « on a le cul entre deux chaises au bout de six mois », résume à l’AFP Riss, le nouveau patron, blessé par balle à l’omoplate lors de l’attaque du 7 janvier qui vient de terminer sa rééducation, mais qui ne pourra plus jamais lever le bras plus haut que l’épaule. "Je me demande chaque semaine comment on arrive à faire le journal, mais on y arrive. C’est un journal toujours transitoire, qui n’est pas encore refondé", souligne le journaliste Laurent Léger, membre du collectif qui avait réclamé, mi-avril dans une tribune, une nouvelle répartition de l’actionnariat. La première étape du changement sera de nouveaux locaux. Hébergé depuis janvier dans l’immeuble de Libération, la rédaction doit emménager en octobre dans des bureaux ultra-sécurisés du XIIIe arrondissement de Paris. Les travaux en cours, réalisés avec des conseillers de la police, prévoient notamment une pièce blindée (également appelée "panic room") et un système de sas, selon Riss. "Ça fait du bien de changer de locaux. Même si on est très bien à Libé, c’est lié à l’événement. On a envie d’être dans notre bordel à nous", ajoute-t-il. "Tout sera neuf. On ne gardera rien du tout. Juste les archives.

Devenir une entreprise solidaire de presse

Principale source de crispation au sein de l’équipe, la répartition de l’actionnariat, doit également être revue après l’été "en faisant rentrer d’autres salariés", explique Riss. Même si "tout le monde ne rentrera pas" et qu’il ne sait pas encore "comment on va répartir" les actions, "ce sera des vrais actionnaires, pas symboliques", prévient-il. Actuellement, le titre est détenu à 40 % par les parents de l’ex-directeur de la rédaction, Charb, tué dans l’attaque, à 40 % par Riss et 20 % par le directeur financier, Eric Portheault. "On a repris une discussion plutôt saine. Ça progresse pas mal", explique Laurent Léger. Par ailleurs, Charlie Hebdo doit être le premier titre à adopter courant juillet le nouveau statut d’entreprise solidaire de presse. Celui-ci prévoit que "70 % des résultats soient destinés à l’autofinancement pour permettre à l’entreprise de se développer", selon Maitre Christophe Thévenet, avocat de l’hebdomadaire. "On a voté une résolution supplémentaire pour attribuer les 30 % restants à l’autofinancement", ajoute l’avocat qui rappelle que la répartition des plus de 4 millions d’euros de dons sera confiée à une commission de sages désignés, à la demande du journal, par le ministère de la Justice. Dernière nouveauté prévue pour la rentrée, un toilettage de la maquette de l’hebdomadaire qui se vend désormais à 120 000 exemplaires et compte 220 000 abonnés, et une refonte de sa version numérique qui avait, depuis les attentats, disparu du web. "On va remettre Charlie sur le net, les tablettes, les téléphones", explique Riss pour qui "c’est important, maintenant que les jeunes découvrent les choses sur le net".

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