La Voix du Nord : remous autour du plan social

Quelque 200 personnes, surtout des salariés du quotidien, se sont rassemblées mercredi devant le siège de La Voix du Nord, sur la Grand-Place de Lille, pour protester contre le plan social qui prévoit notamment la suppression de 178 emplois "au maximum", ont constaté des journalistes de l'AFP. "Il fallait marquer le coup pour le début des négociations, dire que ce projet on n'en veut pas. Il n'y a aucune proposition concrète de réorganisation, le but du jeu c'est juste de supprimer des postes", a regretté Séverine Courbe, déléguée du personnel CGT et photographe à la Voix du Nord. "Pour mailler le territoire, être le plus proche des lecteurs, au plus proche du quotidien des gens, ce n'est pas possible", a-t-elle ajouté. "Avec 25% en moins (part de l'effectif actuel qui serait touchée par le plan), l'info ne vaut plus rien, non aux suppressions de postes à la Voix", pouvait-on lire sur des affichettes. L'entreprise compte 710 salariés.

Le 10 janvier, la direction de La Voix du Nord a présenté en comité d'entreprise un Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui prévoit notamment une baisse de 55 postes de journalistes, sur 343. Pour réduire l'effectif, la direction prévoit de "solliciter des départs volontaires". Après une assemblée générale devant quelque 300 salariés samedi, les syndicats et la direction sont depuis mercredi dans une phase de discussions, qui doit durer trois mois, sur les modalités du plan. Ces séances ont été "réfrigérantes" car, pour le moment, "nous ne savons pas ce qui est négociable", a affirmé au micro Christian Furling, délégué SNJ-CGT (majoritaire dans la rédaction). Selon la direction, "des évolutions" concernant le plan sont possibles, mais qui ne doivent pas remettre en question "les équilibres économiques que permet le plan".

Aux ministères du Travail et de la Culture

Les syndicats de La Voix du Nord seront d’ailleurs reçus jeudi par les équipes de Myriam El Khomri et d'Audrey Azoulay, a annoncé mercredi la ministre du Travail, répétant que la loi travail n'était pas responsable du plan social prévu au sein du quotidien régional. "Dès demain, ils seront reçus par mon équipe et celle de (la ministre de la Culture et de la Communication) Audrey Azoulay. Nous recevrons les organisations syndicales comme nous le faisons dans le cadre de tous les PSE d'importance", a déclaré Mme El Khomri à l'Assemblée nationale, répondant à une question de Jean-Jacques Candelier, député communiste du Nord. L'élu a accusé la loi travail d'être à l'origine de ce plan social. "Le motif invoqué par la direction, celui de la sauvegarde de la compétitivité, n'est en rien un ajout de la loi travail, lui a rétorqué la ministre du Travail. Il date d'une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui date de 1995. Pas depuis 2016, pas depuis 2005, depuis 1995 !". "Disons-le encore plus clairement, ce PSE aurait très bien pu avoir lieu avant la loi travail", a-t-elle insisté. Mme El Khomri avait écrit vendredi à Benoît Hamon, candidat à la primaire organisée par le PS, pour lui reprocher des "contrevérités" sur le sujet. Celui-ci avait assuré que le plan social avait été retoqué une première fois par l'administration pendant l'été 2016 avant l'adoption de la loi travail, puis autorisé en janvier après l'entrée en vigueur de la réforme des licenciements économiques. "Aucun PSE n'a été retoqué par la Direccte (administration régionale du travail) à l'été dernier car, tout simplement, aucun PSE n'a été déposé l'été dernier", a répété mercredi la ministre, accusant ses détracteurs de se livrer à de la "désinformation" et à des "délires complotistes". Si aucun plan social n'a été déposé et retoqué pendant l'été, "un projet de réorganisation" avait bien été "présenté" à l'administration "dans le courant de l'été 2016, à l'initiative de l'employeur, comme c'est l'usage dans ce type de procédure", indiquait la Direccte des Hauts-de-France vendredi dans un communiqué.

Le groupe Rossel La Voix a enregistré un chiffre d'affaires de 253,9 millions d'euros en 2015 et prévoit 256 millions pour 2016. En revanche, pour La Voix du Nord SA, le chiffre d'affaires a reculé de près de 18% de 2013 à 2016, selon les chiffres communiqués par la direction aux syndicats. Ceux-ci font valoir que le résultat net après impôts était de 5,4 millions d'euros en 2015 (dernière année connue). Selon les chiffres de l'ACPM-OJD, la diffusion de la Voix du Nord, troisième journal régional derrière Ouest-France et Sud-Ouest, a chuté de 4,6% à 217.000 exemplaires entre juillet 2015 et juin 2016. (avec l'AFP)

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