LCI ne sera plus tout à fait LCI
Le choc est rude. La direction de LCI, faute d'avoir pu devenir gratuite, a annoncé l'abandon de l'information en continu au profit de l'analyse. Un changement qui devrait entrainer la suppression de 148 postes dans le groupe TF1, sa maison mère, dont 58 à LCI. LCI devrait donc fonctionner avec un effectif réduit à 54 personnes. "Aujourd'hui, l'offre éditoriale est pléthorique en matière de chaînes d'info en continu. Très clairement, LCI abandonnera le positionnement de nos grandes concurrentes, celui du hard news, pour essayer d'être sur un éditorial beaucoup plus en profondeur sur un ou deux thèmes et peut-être une émission emblématique », a ainsi indiqué son patron Eric Revel, écartant pour l'instant les offres de reprise ou de partenariat du Monde et du Figaro. Dans le détail, la direction veut supprimer 81 postes à TF1, 58 à LCI et 9 sur 12 dans la filiale numérique e-TF1, selon un communiqué du groupe. LCI comptait jusqu'à présent 247 emplois équivalent temps plein, dont 98 journalistes sous contrat LCI, les autres étant pour la plupart sous contrat TF1 mais détachés à LCI. Pour TF1, "le plan de sauvegarde de l'emploi mis en œuvre se traduirait d'abord par un plan de départs volontaires, afin de réduire au maximum le nombre de licenciements". "TFI en profite pour faire un plan social", alors qu'il "est bénéficiaire", a dénoncé Philippe Ballard, délégué CFTC de LCI.
Un recours devant le Conseil d'État
TF1 veut néanmoins continuer à se battre pour la gratuité de LCI : le groupe va déposer un recours devant le Conseil d'État contre la décision du CSA qui a refusé en juillet son passage en gratuit en juillet dernier. LCI nouvelle formule serait présente à la télévision via les box des opérateurs, avec lesquels elle négocie actuellement, et sur internet (tablettes, smartphones et ordinateurs). M. Revel n'a plus évoqué sa présence sur la TNT payante, coûteuse et qui ne compte que très peu d'abonnés. "LCI ne produira que quelques heures par jour, avec des plateaux en direct et des flashs d'infos mais plus de duplex en direct", a expliqué Philippe Ballard. Selon un communiqué de TF1, ce projet « ferait de LCI un média nouveau, proposant à la fois une chaîne de "pay tv" délivrant plusieurs heures de programmes inédits par jour, des flashs infos ainsi qu'une offre de contenus à la demande sur tous les écrans ». Interrogé sur un éventuel accord avec Le Figaro ou Le Monde, qui étaient intéressés par les images produites par LCI, Eric Revel a jugé qu'"aucune offre suffisamment sérieuse" n'avait été formulée pour l'instant, assurant que "LCI n'est pas à vendre". Mais il n'a pas exclu des "partenariats".
Les actionnaires du Monde regrettent, mais persistent...
"TF1 a choisi l'option de la terre brûlée et s'apprête à détruire une rédaction. C'est incompréhensible. Nous sommes extrêmement étonnés et tristes pour les salariés de LCI que TF1 puisse évacuer une proposition sérieuse sans même la considérer", a commenté Louis Dreyfus, représentant des actionnaires du Monde. Dans un communiqué, les 3 actionnaires du Monde Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, rappellent que leur proposition de rachat de LCI adressée à TF1 prévoyait «la reprise de l'intégralité des effectifs journalistes dédiés à LCI » dans le cadre d'un projet éditorial et industriel « ambitieux » qui plaçait LCI « au cœur de l'activité numérique du Monde », expliquent-ils. Une offre restée « sans réponse », soulignent-ils en regrettant « qu'aucun échange d'aucune sorte n'ait pu avoir lieu avec le groupe TF1 ». Toutefois, tout en confirmant le projet, ils se disent à « la pleine disposition du groupe TF1, des salariés de LCI et du CSA pour en discuter et le finaliser ».
