Le CSA sanctionne Canal+ pour reportage tendancieux sur le Togo

Canal+ a été condamné par le CSA pour un "éloge appuyé" de la politique économique du Togo dans une vidéo diffusée fin 2017 et devra faire lire un message à l'antenne en faisant état, a annoncé le CSA mercredi. Le vendredi 22 décembre 2017 à 7h du matin, Canal+ avait diffusé une vidéo sans titre, sans signature qui, selon le CSA, faisait "un éloge appuyé de la politique économique menée par le gouvernement d'un État africain, en mentionnant sa stabilité politique". "Aucun élément de contexte ni aucune information sur l'origine de ces images n'a été fourni aux téléspectateurs", relève le CSA dans sa décision. Les sages rappellent à Canal+ "l'exigence d'honnêteté qui s'applique à l'ensemble de ses programmes". Ce message du CSA devra être "clairement lu par un présentateur en plateau une fois, hors week-end", sur Canal+ dans les huit jours suivant la notification de la décision, souligne le Conseil. "Aujourd'hui, un pays est regardé avec beaucoup d'attention pour son engagement : le Togo", disait une voix off dans la courte vidéo mise cause ("sur fond de plusieurs images issues de la communication institutionnelle de cet Etat", précise le CSA). La vidéo, repérée par le site "Les Jours", vantait un "pays stable et disposant d'infrastructures modernes". "C'est le pari du président togolais Faure Gnassingbé, un pari reconnu aujourd'hui par les plus grands experts", poursuivait la voix off avec, à l'appui, des images d'Emmanuel Macron avec Faure Gnassingbé.

L'ONG Reporters sans frontières s'était par ailleurs inquiétée fin 2017 d'un "cas de censure" concernant le Togo sur Canal+. Après avoir été diffusé sur Canal+ dans l'émission "L'Effet papillon", un reportage consacré à des manifestations qui se multipliaient au Togo contre le président avait été supprimé sans explication des plateformes de replay de la chaîne. Très présent en Afrique de l'Ouest, le patron de la maison-mère de Canal+ Vincent Bolloré est mis en examen pour "corruption" dans une enquête française sur les conditions de l'attribution de concessions portuaires en Guinée et au Togo. Les juges soupçonnent le groupe Bolloré d'avoir utilisé les activités de conseil politique de Havas afin de décrocher la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics.

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