Le Monde : 7 démissions à la rédaction en chef

Sept rédacteurs en chef ou rédacteurs en chef adjoints du Monde sur une dizaine ont démissionné en bloc de leurs fonctions, mardi, pour protester contre "l'absence de confiance" envers la direction, en plein conflit sur la réorganisation de la rédaction, a-t-on appris auprès de l'un d'eux. "Depuis plusieurs mois, nous avons envoyé de nombreux messages d'alerte pour signaler des dysfonctionnements majeurs, ainsi qu'une absence de confiance et de communication avec la direction de la rédaction nous empêchant de remplir nos rôles à la rédaction en chef", ont-ils écrit dans un message interne adressé à Natalie Nougayrède, directrice du Monde, et à Louis Dreyfus, président du directoire du quotidien. Dans les faits, ces membres de l'encadrement du quotidien et du site internet démissionnent de leurs seules fonctions, pas du journal. Ne souhaitant pas fragiliser la rédaction, ils se tiennent même "disponibles pour traiter les affaires courantes jusqu'à la nomination d'une nouvelle équipe", précisent-ils. "Nous avons tenté d'y apporter des solutions, sans succès. Nous faisons aujourd'hui le constat que nous ne sommes plus en mesure d'assurer les tâches qui nous ont été confiées, et c'est pourquoi nous démissionnons de nos postes respectifs", écrivent François Bougon, Vincent Fagot, Julien Laroche-Joubert, Damien Leloup, Cécile Prieur, Françoise Tovo et Nabil Wakim.

Un vrai ressaisissement demandé

Plus tôt dans la journée, déjà, les sociétés des rédacteurs du Monde (SRM) et du Monde interactif (SRMIA) avaient exigé de leur direction un "vrai ressaisissement", sur fond de conflit autour de la réorganisation de la rédaction, dans un communiqué diffusé en interne mardi. "La SRM et la SRMIA constatent une perte globale de confiance dans la gouvernance du journal. Il y a aujourd'hui, un problème de méthode et d'organisation qui exige un vrai ressaisissement au sommet. Il serait grand temps de mettre en place une direction collective et fonctionnelle et que ceux qui font le travail, soient vraiment entendus", écrivent les deux SRM dans le communiqué obtenu par l'AFP, confirmant une information de Libération. Cette sortie intervient quelques mois après l'annonce par la direction du Monde d'une réorganisation de la rédaction. Selon un message interne envoyé en février à ses collaborateurs, elle prévoyait de réaffecter une cinquantaine de postes de sa rédaction vers différents services, dont une bonne partie vers le numérique. Les syndicats avaient alors dit craindre "un plan social déguisé". "Les SRM rappellent leur souhait de voir un rapprochement des rédactions print et web et ne sont pas opposées à l'accord de mobilité, mais celui-ci manque d'un pilote et d'une gestion humaine", écrivent-elles mardi.

"C'est pourquoi les SRM demandent aujourd'hui l'assouplissement du plan de mobilité, notamment sur les thèmes importants laissés en déshérence", ajoutent les SRM qui citent "l'environnement et l'écologie", les "questions exclusions et logement" et "certains pans" de l'économie. Dans ce document, les deux organisations représentant les rédactions papier et web "prennent acte du report en septembre de la nouvelle formule du journal" initialement prévue avant l'été. "Mais ce report de trois mois doit être mis à profit pour clarifier les zones d'ombres qui entourent ce projet et permettre aux rédacteurs de mieux se l'approprier", estiment-elles.

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