Le Monde: Natalie Nougayrède fait sauter les fusibles

Mis en cause par une partie de la rédaction, Vincent Giret et Michel Guerrin, les deux adjoints de la directrice du Monde Natalie Nougayrède, ont quitté vendredi leurs fonctions, dernier épisode du bras de fer entre la direction et les journalistes du quotidien, en proie à un conflit interne majeur. Aucune précision n’était disponible sur les conditions du départ de Vincent Giret, directeur délégué des rédactions venu de Libération, et Michel Guerrin, directeur adjoint des rédactions et pilier du quotidien où il a développé la photo. Tous deux étaient mis en cause par une partie de la rédaction qui demandait leur départ. "C’était les deux fusibles dont disposait Natalie Nougayrède mais de là à dire que ça réglera tout…", a réagi une source syndicale en référence à la crise de management qui secoue le quotidien du soir, l’année de ses 70 ans. "Elle ne voulait pas les lâcher mais elle a été obligée. C’était le minimum qu’elle pouvait faire, c’est ce qu’on lui demandait avant que la crise éclate", commente-t-on de source proche du dossier. "Ça arrive trop tard. Je ne suis pas sûr que ça va suffire. D’autant, que, pour le moment, elle n’a personne pour les remplacer. Elle est isolée", ajoute-t-on. Ces deux nouveaux départs interviennent après la démission mardi de sept des rédacteurs en chef, principalement ceux du site internet. Le même jour, la rédaction avait également adressé un message de défiance à sa directrice, en poste depuis un an et avec laquelle le fossé s’est creusé ces derniers mois. Mercredi, à l’issue d’une réunion de trois heures, la rédaction s’était donnée une semaine pour mener une "médiation" avec la direction et obtenir un changement de gouvernance en douceur, afin d’éviter un scénario semblable à celui de Libération qui affaiblirait le quotidien. - Ralentir la cadence - Les sociétés des rédacteurs du Monde (SRM) et du Monde interactif (SRMIA), qui représentent les rédactions papier et web, ont fait état d'"une perte globale de confiance dans la gouvernance". Elles ont réclamé "une direction collective et fonctionnelle" pour que "ceux qui font le travail soient vraiment entendus". Lors de la réunion mercredi, le camp des modérés l’a emporté, mais certains restaient sceptiques, citant des mois de discussions vaines et "une fatigue collective". Certains souhaitaient la constitution d’une nouvelle équipe autour de Natalie Nougayrède qui dirigerait et représenterait le journal, mais s’éloignerait des fonctions opérationnelles de la rédaction. 

À lire aussi

Filtrer par