La nouvelle organisation de Libération connue lundi prochain

Les nouveaux propriétaires de Libération exposeront lundi matin, lors d'un comité d'entreprise crucial, leur projet de réorganisation du journal, avec une priorité au numérique et l'objectif d'une soixantaine de départs. La direction du quotidien présentera aux salariés de "nouvelles mesures sociales", alors que son plan de départs volontaires, pour lequel ils espéraient une soixantaine de candidats, n'en a convaincu qu'"une douzaine" pour l'instant, a indiqué mercredi le président du directoire, François Moulias. La question d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), impliquant des départs contraints, pourrait y être abordée, a-t-on appris de sources syndicales, une information que n'a pas confirmée M. Moulias. La nouvelle direction, mise aux commandes par les actionnaires qui ont réinjecté 18 millions d'euros pour renflouer le quotidien, devrait enfin présenter sa réforme de fond : fusion des équipes web et papier, priorité au numérique, réduction des coûts. Ce CE, initialement prévu le 3 septembre, avait été reporté par la direction.

La rédaction refondues en 5 ou 6 pôles

Le journal, toujours déficitaire, reste menacé : dans une tribune publiée début août dans Libération, Laurent Joffrin (directeur de la publication) et François Moulias ont averti que "l'équilibre économique de Libération suppose une réduction de ses effectifs d'environ 60 personnes" (sur environ 250, dont 180 journalistes). Tout en souhaitant des départs volontaires, "l'objectif devra être atteint en tout état de cause, faute de quoi les coûts salariaux resteraient impossibles à supporter", avaient-ils souligné. Les rédactions pourraient aussi être refondues autour de cinq ou six pôles multimédias, dont les pôles "Pouvoirs" (regroupant les services politique, économique et société), "Planète", "Culture" ou encore "Idées", indique-t-on en interne. De nombreux journalistes "attendent les détails de ce plan avant de se décider", selon Laurence Defranoux, membre du SNJ et élue au CE, pour qui il est "trop tôt pour préjuger du nombre de départs volontaires".

Pour l'heure, seule une douzaine de salariés, presque tous non-journalistes, ont fait jouer la "clause de cession", qui leur offre les conditions de départ améliorées -- un mois de salaire par année d'ancienneté et les indemnités de licenciement -- prévues pour les journaux qui changent d'actionnaires. Cette clause de cession, ouverte le 1er août, s'applique jusqu'au 30 novembre. D'autres salariés pourraient faire jouer la clause avant le 30 septembre, l'accord d'entreprise prévoyant d'allouer 12 000 euros supplémentaires pour ceux qui se décideraient avant cette date.

Un nouveau site au 1er trimestre 2015

En revanche, la direction souhaiterait pouvoir recruter des développeurs pour ses projets numériques. Une nouvelle version du site est prévue au premier trimestre 2015, ainsi qu'une nouvelle formule papier. M. Moulias a par ailleurs démenti mercredi matin en comité de rédaction une information du Figaro selon laquelle la direction de Libération envisagerait de fixer, dans de nouveaux contrats qui seraient signés par les salariés restants, des objectifs de productivité. Interrogé lundi par Le Figaro sur les effectifs de Libération, Pierre Fraidenraich, directeur opérationnel du journal, avait déclaré: "Une chose est sûre, trop de journalistes sont trop peu productifs." Pierre Fraidenraich avait également indiqué vouloir rompre la "verticale figée de l'écrit" et "inventer d'autres supports (radio et vidéo) sur lesquels la voix de Libé doit porter", dont une "Radio Libé", pour laquelle une "discussion" est en cours avec le CSA. Libération perdra encore de l'argent cette année, mais espère retrouver un résultat courant positif l'an prochain, avait-il ajouté.

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