M6 : Nicolas de Tavernost à l'offensive sur Paris Première et la production

© Sylvie Lancrenon / M6

"Publicitairement, 2015 s'est bien terminée. 2016 a pas mal débuté, nous sommes de bonne humeur, même si pour le reste de l'année, on n'y voit pas grand chose". Fidèle à lui-même, le président du directoire du groupe M6 Nicolas de Tavernost, n'a pas mâché ses mots lors du traditionnel déjeuner de l'Association des journalistes média (AJM) dont il était l'invité lundi. Interrogé une fois encore sur le 3ème rejet dont à fait l'objet Paris Première par le CSA pour un passage en gratuit, il s'est montré tour à tour fataliste et combatif. "Je ne comprends toujours pas pourquoi nous n'avons pas été autorisés", a-t-il lancé , alors que sa chaine posait "moins de problème que LCI". "Ici, il faut être en faillite pour continuer son activité", commente-t-il avec ironie, allusion au fait que le CSA a pris comme critère premier le fait que la chaine d'information du groupe TF1 aurait pu fermer si elle restait payante. Il en a profité pour rappeler que le contrat de distribution de Paris Première, avec CanalSat en tête, était tout de même assuré jusqu'au 31 décembre 2017, le "temps est compté", souligne-t-il cependant. Une situation précaire à laquelle il convient de remédier, selon M. de Tavernost qui annonce que le groupe M6 saisira "toutes les occasions" pour mettre Paris Première en gratuit. C'est même "notre priorité", assène-t-il. Ce serai ainsi le cas dans l'hypothèse d'un appel d'offres pour le canal 23 de la TNT gratuite lié à la fermeture de la chaine Numéro 23, sanctionnée par le CSA, prévue pour juin prochain. "Oui, nous serons candidats", a-t-il dit, "sauf si l'État préempte la fréquence". Outre Paris Première, M6 pourrait également présenter à cet appel d'offres la candidature de son projet de chaîne de télé-achat, jusqu'ici refusé par le CSA. "L'un n'exclut pas l'autre, nous avons souvent présenté plusieurs projets. Nous aurons les deux", a-t-il dit.

Indispensable évolution du marché de la production

Nicolas de Tavernost s'est ensuite attardé sur le sujet ô combien chaud bouillant de la production. Alors qu'avec ses homologues Nonce Paolini pour TF1 et Jean-Christophe Thiery pour Canal+ il allait être reçu lundi après midi par la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin, le président du directoire de M6 a tenu à souligner les ambitions de son groupe en la matière. Mais, tempère-t-il, à l'heure "où nous cherchons des relais de croissance, force est de constater que l'on ne nous aide pas beaucoup". En matière de production et de sa réglementation, "à chaque fois, nous nous heurtons à un plafond de verre", martèle-t-il. "Ce sont dans les activités régulées que nous avons les plus gros freins alors que c'est là que nous avons le plus de besoins", plaide-t-il. Il juge ainsi "indispensable" l'évolution du marché français de la production. Avouant même l'ambition d'investir ou de s'associer à des sociétés de production très demandeuses, selon lui, mais "pas tant que la législation ne changera pas".

"Nous voulons porter à 40%, au lieu de 15% actuellement, notre part de production dépendante (part permettant au groupe de produire en interne, ndlr)". Ce taux de 15% est le maximum autorisé par la loi pour M6. Pour les autres productions, que la chaîne doit commander à des producteurs indépendants, Nicolas de Tavernost a souhaité pouvoir obtenir des droits d'exploitation plus longs, "de 6 ou 7 ans, par exemple", au lieu de 42 mois. Les chaînes françaises n'ont droit qu'à une part limitée de production de fiction "dépendante", dont elles gardent les droits. Pour le reste de leur grille, elles doivent commander leurs fictions à des producteurs indépendants, propriétaires des droits, qui peuvent revendre les œuvres à d'autres chaînes. Dans ce contexte, afin d'illustrer l'absurdité de la situation, le président du directoire de M6 a annoncé que sa chaîne 6ter avait fait l'acquisition "il y a un mois" de l'emblématique programme de France 2 "Fait pas ci fait pas ça". "Je serais France Télévisions, je serais furieux. Cela ne peut pas marcher comme cela !". Pour éviter de commander des fictions coûteuses sans en détenir les droits, M6 a privilégié les fictions courtes d'access prime time produites en interne comme "Scènes de ménages". "Mais nous avons besoin aujourd'hui de fiction française en prime time", a-t-il dit, "que nous pourrons rediffuser sur nos chaînes secondaires" W9 ou 6Ter afin d'en amortir le coût. "Actuellement, sur M6, on ne sait pas amortir une fiction en prime time", souligne-t-il.

M6, TF1 et Canal+ ensemble

Dans un communiqué commun, TF1, Canal+ et M6 ont réclamé lundi soir à la ministre de la Culture et de la Communication une réforme de la règlementation leur permettant de produire davantage de fictions avec des droits d'exploitation plus longs. Ils lui ont demandé "une évolution de la réglementation actuelle". Les trois groupes se sont dits prêts à négocier des accords interprofessionnels basés sur ces nouvelles règles.

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