Nice Matin : Robert Namias sur le départ

Robert Namias

Les salariés de Nice-Matin, qui ont repris voici neuf mois sous forme d'une coopérative leur entreprise de presse en difficulté, sont confrontés à leur première crise avec le départ imminent de son dirigeant Robert Namias, très critique sur la gouvernance. Personnalité extérieure appelée à la rescousse par les salariés, l'ancien directeur de l'information de TF1 a annoncé mercredi à l'AFP qu'il quittait ses fonctions. Il cumulait depuis le 1er décembre 2014 les responsabilités de président du directoire, directeur des publications et directeur des rédactions du groupe Nice-Matin.  Le 7 novembre 2014, le tribunal de commerce de Nice avait choisi l'offre de la coopérative des salariés de Nice-Matin, soutenue financièrement par Bernard Tapie, pour la reprise du groupe, en coiffant au poteau le géant des médias belge Rossel. Ce dernier prévoyait de remercier un tiers des effectifs.

"Beaucoup prévoyaient notre effondrement au bout de trois mois", se souvient Robert Namias, qui se dit "très attaché" à la maison. Mais le journaliste de 71 ans évoque des "ingérences" de la part des salariés actionnaires, "incompatibles" avec sa fonction de président du directoire, qui détient le pouvoir exécutif.  "Une incompréhension progressive" s'est instaurée entre le directoire et le conseil de surveillance où siègent 16 membres, dont des représentants des salariés, décrit-il. "J'ai adhéré totalement au projet, mais il faut un patron. Certains n'ont pas su rester à leur place. On se sépare de facto", confie-t-il à l'AFP.

"Robert Namias a contribué à démontrer que ce projet de coopérative n'est pas aventureux", commente sobrement à l'AFP le journaliste Jean-François Roubaud, fer de lance de la coopérative des salariés et président du conseil de surveillance. Peu désireux d'en découdre sur la place publique avec le partant.  "Il n'y a pas de guerre, c'est la vie normale d'une entreprise. Jeudi dernier, Robert Namias nous a signifié dans une lettre qu'il remettait son mandat entre nos mains", a précisé Jean-François Roubaud.  "Il n'y a jamais eu d'ingérences dans la gestion au quotidien de Nice-Matin. Il est arrivé un moment où l'exigence de transparence sur les actes de gestion, une attente de toute une entreprise, n'était pas totalement partagée. C'est ça le hiatus", a-t-il aussi expliqué.

Selon un délégué CGT membre du comité d'entreprise, Gérard Pittochi, le conseil de surveillance aurait été informé tardivement de certaines données chiffrées par un responsable financier nommé par M. Namias. "Cette situation a entraîné une certaine défiance à l'égard de M. Namias, qui ne s'est pas senti aussi libre qu'il le voulait à la tête du journal", avance-t-il.  Pour M. Namias, "une contestation des chiffres n'a pas de sens, la trésorerie est positive", malgré une dégradation des rentrées publicitaires. Une caution apportée par l'homme d'affaires Bernard Tapie d'un montant de 4 millions d'euros a été intégralement remboursée fin juillet, grâce à la vente des murs de trois agences. Une créance de 2 millions d'euros de la région, qui pourrait peser sur la trésorerie l'an prochain, fait l'objet d'une négociation sur son échelonnement, précise M. Namias. "Il faut encore réformer en profondeur et imaginer que des partenaires financiers puissent jouer des rôles", souligne-t-il. L'occasion d'un retour dans l'équation de Bernard Tapie? "Il n'en est pas question!", prévient la CGT. M. Namias s'était déclaré prêt "à assurer un relais serein pour un temps court dans l'intérêt de l'entreprise, à condition que la séparation des pouvoirs soit assurée", a-t-il précisé mercredi. Réuni mardi, le conseil de surveillance est toutefois resté sur ses positions dans un message écrit, estime M. Namias. "Je regrette cette situation, je me suis battu pour Nice-Matin depuis neuf mois", a-t-il commenté, sans préciser la date de son départ désormais imminent. Le président du conseil de surveillance continue pour sa part à souhaiter "une transition douce".

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