Nonce Paolini plaide encore la cause de LCI devant le CSA

Le groupe Le Monde a de nouveau proposé à TF1 de racheter LCI, a indiqué le président-directeur général de TF1 Nonce Paolini jeudi devant le CSA, indigné d'une offre qui intervient au moment où la chaîne plaide pour un passage en gratuit pour ne pas fermer. L'offre de rachat du Monde suppose le refus du CSA, et pourrait affaiblir l'argument de TF1 qui menace de fermer la chaîne d'info si l’instance ne l'autorise pas à passer en gratuit. La décision est attendue la semaine prochaine. Le Monde a déjà offert de racheter LCI l'an dernier, annonçant son intention dans la presse juste avant que le CSA ne refuse le passage en clair de LCI. TF1 avait sèchement refusé cette offre. Sans fermer la porte à des discussions, M. Paolini s'est emporté contre le moment choisi pour cette nouvelle proposition. Interrogé par un membre du CSA sur cette initiative du Monde  -- la dévoilant au passage -- Nonce Paolini a répondu que 'il ne savait pas si cette proposition était "de la provocation ou si c'est sérieux". "C'est quelque chose dont on aura à juger si votre conseil refuse le passage en clair de LCI", a-t-il lancé au CSA qui l'auditionnait une dernière fois jeudi matin sur ce dossier. "Mais estimez-vous éthique que vendredi dernier, nous recevions une lettre à 19h30 (intitulée) +nouvelle proposition pour acquérir LCI+, alors que nous avions cette audition aujourd'hui ?", s'est-il interrogé.  "C'est avec stupéfaction qu'on la lit et on constate qu'à nouveau, après avoir fait des propositions sur les estrades dans des conditions que je qualifierais de scandaleuses il y a 18 mois, on réitère, avec une correspondance notamment qualifiée +mon cher Nonce+ comme si nous étions l'un et l'autre parfaitement d'accord pour discuter de ce sujet ?", a-t-il poursuivi.

"Vous jugerez de la pratique, de l'éthique de ceux qui aujourd'hui dirigent un journal qui professe des leçons de morale à longueur de pages. Je suis extrêmement choqué par un comportement de ce type", a-t-il dit. "Il n'y a aucune discussion avec le Monde. Si des discussions doivent avoir lieu ce n'est que dans un cas de figure que vous connaissez aussi bien que moi" -- autrement dit, si LCI ne peut pas passer en gratuit, a-t-il affirmé. Interrogé par l’AFP, Louis Dreyfus, qui représente les actionnaires du journal, a répondu : "les actionnaires du Monde n'ont jamais fait mystère de leur souhait de développer un pôle audiovisuel. Nous pensions que TF1 souhaitait que ces discussions restent confidentielles". Le PDG de TF1 répété que si LCI ne devenait pas gratuite, il envisageait sa "fermeture ou pourquoi pas, sa reprise".

Une chaine d’info publique bien encombrante

Avec en ligne de mire l'hypothèse d'une future chaîne d'information publique installée sur le canal 14 de la TNT, à la place de France 4, juste devant BFMTV (canal 15) et iTélé (canal 16), le dirigeant s’est montré en outre inquiet pour l’avenir de LCI devant les Sages du CSA. "Imaginons que France 4 disparaisse de l'univers enfantin pour devenir une chaîne d'information", a-t-il lancé. "On aurait là un bloc, de France 4 jusqu'à iTélé, qui serait un bloc d'information" sur les canaux 14 à 16. "Imaginez LCI en canal 26. Ca apporterait un élément de déséquilibre supplémentaire" au profit du service public.    "Le service public pourrait s'arroger le fait de changer le format de la chaîne France 4 en chaîne d'info" sans passer par les procédures auxquelles sont soumises les chaînes privées, a-t-il lancé.  France Télévisions, qui compte lancer dès septembre 2016 une chaîne d'info publique en continu, avec Radio France, France 24 et l'INA, vise aussi un passage sur la TNT et n'aurait pas besoin pour cela de l'aval du CSA.

Le groupe n'a pas encore précisé ses intentions à ce sujet et n'a pas souhaité jeudi commenter cette hypothèse. La semaine dernière, Alain Weill, le patron de NextRadioTV, maison mère de BFMTV, s'est lui aussi inquiété devant des journalistes de ce même scénario, évoqué dans le milieu audiovisuel depuis quelques semaines. "Si la chaîne publique récupère le canal 14" (qui diffuse France 4) et qu'elle vit sans publicité, c'est gagné dès le premier jour", a estimé Alain Weill, évoquant "un avantage concurrentiel considérable" pour la chaîne publique d'info, alors que BFMTV a le canal 15.

(avec l’AFP)

À lire aussi

Filtrer par