Planète+ veut rester payante avec LCI et Paris Première

C'est devant les sages du CSA que Planète+ défendait mardi sa demande de passage de la chaîne de la TNT payante vers la TNT gratuite, à l'image de LCI et de Paris Première auditionnées pendant le mois de mai. Par la voix du président du groupe Canal+ Bertand Méheut, pourtant, la position est claire et détonne : "nous sommes en faveur du maintien des chaînes LCI, Paris Première et Planète+ sur la TNT payante". Mais si les deux chaines obtiennent leur ticket pour la TNT gratuite, Planète+ souhaite emboiter le pas. Jusqu'ici existaient cinq chaînes de TNT payantes (Eurosport, LCI, Paris Première, Planète + et TF6), vendues dans un mini-pack de 12 euros par mois, qui compte 400 000 abonnés, pour un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros. Mais Eurosport devrait en sortir, à cause de son rachat par l'américain Discovery, et TF6, détenue par TF1 et M6, fermera le 31 décembre. "Si vous décidez de réduire encore le périmètre de la TNT payante en autorisant LCI ou Paris Première à passer en gratuit, ou les deux, il ne reste pas d'autre choix à Canal+ que de demander la gratuité pour Planète+", a ainsi expliqué M. Méheut qui précise : "nous pensons qu'il faut maintenir la TNT payante. Si vous faites passer LCI ou Paris Première en gratuit, nous devrons arrêter de commercialiser le mini-pack des chaînes TNT payantes car il n'intéressera plus les téléspectateurs". "Il ne serait pas très raisonnable d'élargir encore l'offre (de télévision) gratuite, dans un marché publicitaire désastreux", a averti M. Méheut. "La surabondance d'offre gratuite a fait s'effondrer le prix" des écrans publicitaires. Les recettes publicitaires des télévisions ont chuté de 11% au cours des trois dernières années pour les télés gratuites et de 30% pour les télés payantes, a-t-il souligné. De plus, la multiplication "excessive" des chaînes gratuites "réduit l'appétit des Français pour la télévision payante, avec un impact sur Canal+ en particulier sur le bouquet des chaînes payantes de CanalSat, qui est un peu en difficulté", selon le président du groupe Canal+.

1% de PDM en... 2020

Le groupe a assuré que Planète+, en devenant gratuite, ne déstabiliserait pas le marché et, notamment, ne prendrait pas de part de marché à RMC Découverte (groupe NextRadioTV), positionnée selon lui sur des documentaires "plus sensationnalistes". Planète+ produit 203 heures de documentaires inédits sur les 8 000 heures de documentaires diffusées. "Planète+ aura un modèle économique sain sur le long terme", a souligné M. Méheut, certain du "gros appétit des téléspectateurs pour les documentaires". Il prévoit en 2017 une part de marché de 0,8% pour Planète+ et 1% pour RMC Découverte et en 2020 de 1% pour Planète+ et 1,5% pour RMC Découverte. Canal+ table pour Planète+ gratuite sur des recettes de 33 millions d'euros au bout de 4 ans, date à laquelle elle parviendrait à l'équilibre. "Nous investirons trois fois plus qu'aujourd'hui dans les programmes", de 5 à 15 millions €. Selon M. Méheut, le principal concurrent de son groupe "c'est TF1 qui pratique des prix publicitaires bas. Les opérateurs sont sous pression. TF1 étouffe la concurrence". Avec "sa stratégie de fragmentation de l'audience", TF1 bénéficie de "la prime au leader" en termes publicitaires. Mais dans l'hypothèse d'un passage en TNT gratuite, Rodolphe Belmer, directeur général en charge des activités de télévision payante et gratuite en France du groupe Canal+, indique que des à packs commerciaux D8-iTélé-Planète+ sont prêts à être commercialisés. Enfin, au détour de l'audition, Bertrand Méheut à annoncé le lancement "à la fin du second semestre 2014" d'un nouveau décodeur qualifié de "révolutionnaire". Il permettra d'avoir accès à la TV de rattrapage, de bénéficier de la fonctionnalité "start over", de stocker des images et d'avoir accès à tout l'internet ouvert.

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