PRESSTALIS : un conflit inextricable ?

Presstalis

En une phrase, Jérôme Cahuzac a résumé la situation chez Presstalis : "depuis 2002, nous en sommes à cinq plans avec beaucoup d'argent à la clé ". La crise au sein des messageries de presse, qui semble aujourd’hui atteindre son paroxysme, est en effet loin d’être une nouveauté.  Comme le précisait le ministre,  "il y a eu un premier plan de modernisation en 2002, un deuxième en 2004, un troisième en 2007 pour 150 millions d'euros, un quatrième plan en 2010 pour 130 ou 135 millions d'euros. En 2011, on refait un plan avec cette fois-ci un effort de près de 250 millions d'euros", a-t-il dit lors l'émission "Questions d'Info" sur LCP. Et Jérôme Cahuzac d’appeler les parties à "devenir raisonnables", faisant preuve par là d’une certaine naïveté. Car il y a fort peu de chances que le conflit se calme. Face à un plan de licenciements qui prévoit notamment la suppression de 1250 postes sur 2 500 salariés, le SGLC- CGT joue la politique du pire en bloquant la sortie des journaux et occupant les plateformes de distribution pour faire revenir le patronat à la table des négociations. Sauvé in-extremis de la faillite à l’automne dernier, Presstalis ne peut probablement plus se permettre d’attendre pour être sauvée. Depuis octobre,  une trentaine de jours de grèves ont empêché tout ou partie de la distribution de la presse. 

De quoi exaspérer les patrons déjà confrontés à une baisse du lectorat et à une mutation technologique majeure. Pour Marc Feuillée, patron du Figaro et président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN), il s'agit d'"un conflit insoutenable, un véritable scandale, la presse quotidienne est systématiquement prise en otage. Il faut que le SGLC- CGT arrête ces actes violents", a-t-il dit sur France Info. Quant à Nicolas Demorand, il manie l’ironie du désespoir  en parlant des "ouvriers du Livre, en tout cas ceux qui ont décidé d'aller à la politique du pire, [qui] pensent qu'en mourant ensemble, nous vivrons plus longtemps. Funeste erreur", écrit-il dans son éditorial paru sur la version en ligne de Libération. Troisième composante de ce conflit, le réseau de distribution, déjà faiblard, subit de plein fouet ces jours sans clients. Pas de quoi encourager les ouvertures de nouveaux points de vente pourtant essentiels pour assurer la survie de la presse.  Autant dire que le retour à des positions raisonnables n’est probablement, –et malheureusement-, pas pour demain.

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