Radio France : la Cour des comptes sème le trouble

Le président-directeur général de Radio France, Mathieu Gallet, a écarté mardi la fusion des rédactions de France Inter, France Info et France Culture, une proposition de la Cour des comptes, rapportée par Les Echos.  Au 13ème jour de la grève, il ne s'est en revanche pas prononcé sur une autre proposition de ce rapport, la fusion des deux orchestres de Radio France, dont a également fait état le quotidien économique. Dans un rapport initial, la Cour propose notamment ces deux réformes pour redresser les comptes de Radio France, en déficit de plus de 21 millions d'euros cette année et en grève depuis deux semaines. Le rapport doit paraître ce mercredi. Inquiets notamment d'une réduction des effectifs, les syndicats de Radio France ont lancé depuis le 19 mars une grève qui a été reconduite pour mercredi, 14e jour consécutif de conflit. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), jusqu'ici non gréviste, a lui déposé un préavis de grève pour vendredi afin de défendre l'emploi, a indiqué son représentant à l'AFP. Comme le lui a demandé d'urgence le gouvernement, Mathieu Gallet compte présenter son projet dans quelques jours lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire, avec ses choix d'économies, a indiqué la direction mardi.

Mathieu Gallet a déjà évoqué l'hypothèse de ne conserver qu'un seul des deux orchestres, mais jamais celle de fusionner les trois rédactions citées, soit près de 270 journalistes (109 à France Inter, 125 à France Info et 34 à France Culture). En tout, Radio France emploie quelque 700 journalistes. Dans un courrier aux salariés mardi, le PDG de Radio France, a écarté cette piste. "La fusion des rédactions ne correspond pas à ma vision du pluralisme de l'information et de la complémentarité des antennes de Radio France", écrit-il. "Cela n'a pas de sens. La Cour des comptes vient apporter de la confusion à la confusion", a commenté Ludovic Piedtenu, président de la Société des journalistes (SDJ) de Radio France. Quand aux orchestres, les 250 musiciens des deux formations rejettent catégoriquement l'option d'une fusion, mais l'intersyndicale de Radio France n'est pas hostile à une baisse négociée des effectifs, pourvu qu'elle soit "proportionnée" aux efforts demandés au reste de la maison. "Radio France n'a pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un chœur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie", avait affirmé Mathieu Gallet la semaine dernière. Jean-Pierre Odasso, représentant permanent (élu par les musiciens) de l'Orchestre Philharmonique de Radio France, a vivement réagi : "C'est une atteinte à la culture au sens large. On pourrait aussi imaginer qu'on va fermer les musées. On pourrait fermer les conservatoires, pourquoi former de jeunes musiciens si on supprime les orchestres?".

INA : Mathieu Gallet de nouveau dans la tourmente

Pendant ce temps-là, les ennuis de Mathieu Gallet se poursuivent. Ainsi, selon le Canard Enchaîné qui sort ce mercredi, M. Gallet, lorsqu’il était président-directeur général de l’Institut national de l’audiovisuel, a dépensé plus d'un million d'euros en frais de conseils et 125 000 euros pour rénover ses bureaux, aux frais de l'INA. L'hebdomadaire affirme qu'il rapporte les premières conclusions de la mission de l'Inspection générale des finances dépêchée la semaine dernière par la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin pour contrôler les dépenses de Mathieu Gallet. Une inspection décidée par la ministre juste après les premières révélations sur les dépenses personnelles de Mathieu Gallet à Radio France et qui a commencé par examiner les comptes de l'INA, selon Le Canard. A l'INA, que Mathieu Gallet a dirigé de 2010 à 2014, avant d'être désigné par le CSA à la tête de Radio France, le PDG a engagé six cabinets de consultants, selon Le Canard Enchaîné. Parmi eux figurent notamment Euro RSCG, OpinionWay (dont Denis Pingaud était alors vice-président), Roland Berger, Bernard Spitz Conseil et Chrysalis. En tout, près de 800 000 euros sans mise en concurrence, selon l'hebdomadaire. En outre, après appel d'offres, un autre contrat a été passé avec Publicis Consultants, de 368 000 euros. M. Gallet a aussi dépensé 125 000 euros pour décorer et rénover ses deux bureaux, l'un au siège de l'INA à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) et l'autre dans une antenne de l'INA à Paris, assure l'hebdomadaire. Interrogée, la porte-parole de Mathieu Gallet, qui occupait déjà cette fonction lorsqu'il dirigeait l'INA, a déclaré que tous les contrats ont été passés "selon les procédures en vigueur", en démentant l'affirmation du Canard Enchaîné selon lesquelles ces frais ont été signés sans mise en concurrence.

(avec l'AFP).

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