Réforme de l’audiovisuel public : des réactions…

La présentation lundi par la ministre de la Culture François Nyssen des axes de travail de la future réforme de l’audiovisuel public a déclenché bon nombre de réactions. Florilège non exhaustif.

Dans un communiqué, Altice France croit comprendre que « franceinfo aurait vocation à occuper le canal 14 au lieu du canal 27 en remplacement de France 4 vouée à disparaître de la TNT ». Pour le groupe, ce projet visant à « tripatouiller la numérotation des chaînes au profit de l’audiovisuel public est inacceptable et inquiétant ». En l’espèce, ajoute-t-il, « il ne s’agirait, ni plus ni moins, que de venir se placer devant, parfois juste devant, les chaînes privées concurrentes », proposant la solution « la plus simple et la plus juste » :  faire glisser l’ensemble de la numérotation d’un chiffre à partir du créneau laissé vacant.

Pour sa part, la Société civile des auteurs multimedia (SCAM) « salue l’engagement de la ministre de la Culture de sanctuariser l’enveloppe de financement de la création de France Télévisions » et prend acte des multiples mesures envisagées. Si elle dit approuver « l’essentiel des principes » qui guident la réforme (assurer une meilleure proximité en région, créer des synergies, innover en termes de programmes, capable de s’adresser aux jeunes publics, moderniser les offres de service public autour du numérique), elle se dit toutefois « préoccupée » par le report à 2019 de la loi visant à réformer la gouvernance du secteur public ouvrant ainsi « une période d’instabilité néfaste » pour l’avenir de l’audiovisuel public. Le SCAM souligne par ailleurs que la « décorrélation entre la réflexion sur les missions et leur financement interroge » alors que la « réduction du nombre de chaines linéaires n’est pas nécessairement un signe positif pour la création ». La société considère que les annonces de la ministre de la Culture « ne constituent pas la réforme d’ampleur à laquelle les professionnels s’attendaient » et restera « vigilante sur les moyens alloués ».

Pour la secrétaire générale du parti Les Républicains (LR) Annie Genevard "ces annonces ressemblent fort à un enfumage, puisqu'on n'a aucune indication sur la méthode, le chiffrage des économies", a  déploré la députée du Doubs, interrogée par L'Opinion, regrettant également que la réforme soit "reportée à 2019". Parmi ses griefs : l'éventuelle nomination des patrons de l'audiovisuel par le président de la République, qui pourrait être réintroduite dans la loi -les questions de gouvernance ont été repoussées à cette échéance par Mme Nyssen. "Les patrons de chaîne, ça ne peut pas être le fait du prince. Il y aurait quelque chose de malsain", a estimé Mme Genevard, appelant à la "déontologie" en la matière. Le pouvoir de nomination, confié à la présidence sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avait été cédé au Conseil supérieur de l'audiovisuel par son successeur à l'Élysée. Toutefois, malgré ses réserves, Mme Genevard a rejoint la ministre sur certains points. "Il y a un constat qu'on peut partager : l'évolution de l'audiovisuel public fait qu'il faut laisser une plus large part au numérique", a-t-elle concédé. Mme Nyssen a promis lundi "un investissement supplémentaire de 150 millions d'euros d'ici 2022" dans le numérique. Par ailleurs, alors que la ministre a déclaré vouloir renforcer les programmes régionaux, notamment via une collaboration accrue entre France 3 et France Bleu, Mme Genevard a jugé que "la synergie entre des médias locaux se compren(ait) et se défend(ait)".

Selon la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), de son côté, « soutient » la volonté de la ministre de faire de France Télévisions et des sociétés de l’audiovisuel public « des champions du numérique » pour ne pas perdre le lien avec les jeunes générations et pour construire une offre attractive face aux plateformes numériques, mais il est, pour elle, « tout aussi indispensable qu’ils soient des champions de la création ». Pour la SACD, la réforme annoncée doit « conforter » France Télévisions en tant que « pôle de stabilité et de développement pour la création française, tant pour son financement que sa diffusion, tant pour le cinéma que l’audiovisuel et le spectacle vivant ». Mais, selon son communiqué, même « la sanctuarisation des engagements de l’audiovisuel public dans la création annoncée (…) par la ministre est un engagement salutaire mais minimal qui risque d’être malheureusement insuffisant » face aux acteurs mondiaux qui annoncent des investissements colossaux dans la création et notamment la fiction. Pour la SACD, la suppression de France 4 est « un signal aussi inquiétant qu’inédit ».

Le conseil représentatif des Français d'outre-mer (Crefom) réclame mardi dans un communiqué "une véritable réflexion sur la place des outre-mer dans l'audiovisuel public", regrettant que l'avenir de France Ô, chaîne de France Télévisions dédiée à ces territoires, "soit régulièrement présenté comme problématique". En effet, la ministre de la Culture a indiqué lundi qu'il faudrait "déterminer si l'avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières", le Crefom souligne "l'attachement notoire des Outre-mer et de l'ensemble de ses élus à la présence de France Ô sur le canal hertzien national". "Cette présence n'est d'ailleurs nullement contradictoire avec un renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières. C'est au contraire la synergie entre les Premières et France Ô qui peut renforcer la qualité des programmes et la place de l'outre-mer sur les chaînes de France Télévisions", insiste le Crefom.    Le lobby d'outre-mer "déplore que l'avenir de France Ô soit régulièrement présenté comme problématique alors que le problème réside surtout en l'absence d'une véritable réflexion d'ensemble sur la place des outre-mer dans l'audiovisuel public, cantonné le plus souvent dans une perspective exclusivement hexagonale".  Lundi, la ministre des outre-mer Annick Girardin a déjà estimé que France Ô devait "être préservée", et s'est dite favorable "peut-être" à des quotas outre-mer sur les chaînes nationales.

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