Reprise du groupe Midi Libre : inquiétudes et incertitudes

Les élus du comité central d'entreprise du groupe Midi Libre ont estimé mercredi que le projet de prise de contrôle par le groupe La Dépêche du Midi se traduirait par une "saignée dans les effectifs" de l'ordre de 20% d'ici à 2018, a-t-on appris de source syndicale. Le CCE réuni à Montpellier a rendu un avis négatif, - qui n'est que consultatif -, sur le processus de rachat par La Dépêche du Midi et Centre France (La Montagne) du groupe des Journaux du Midi (Midi Libre, L'Indépendant, Centre Presse) actuellement détenu par le Groupe Sud Ouest (GSO). Dans son avis, voté à l'unanimité des cinq élus du personnel, dont l'AFP a eu connaissance, le CCE dénonce "le coût social (...) démesurément lourd, inacceptable, préambule à d'inévitables tensions" qui ressort du business plan présenté aux élus. Le CCE mentionne "191 suppressions de postes aux Journaux du Midi et 155 autres à Toulouse (à La Dépêche, ndlr) d'ici à 2018". Il s'agit selon lui d'une "véritable saignée dans les effectifs, une hémorragie", qui représente selon une source syndicale du groupe Midi Libre environ 20% de chacun des deux groupes. Il ne s'agit pour l'instant pas d'un plan social et le CCE a demandé "l'engagement qu'aucun départ contraint ne sera opéré d'ici 2018". A la Dépêche, où un CCE doit se tenir vendredi, le SNJ, syndicat majoritaire chez les journalistes, estime que ces perspectives sont "dramatiques" et "mortifères". "On est déjà à l'os, certains services sont paralysés par le manque d'effectifs", soulignait mercredi après-midi un syndicaliste SNJ.

Le CCE demande plus d’informations

Le CCE de Midi Libre a aussi déploré l'insuffisance des informations fournies par les directions des deux groupes: "Le prix de vente ? Confidentiel"; "l'identité des actionnaires locaux minoritaires ? Impossibles à communiquer en raison d'engagements de confidentialité". Le président de La Dépêche Jean-Michel Baylet, par ailleurs président du Parti radical de gauche (PRG), a simplement précisé que son groupe "devait détenir 51% du nouvel ensemble et La Montagne quelques pour cent", a indiqué une source syndicale à l'issue de la réunion. Quant aux actionnaires minoritaires "rien n'est encore sûr, nous dit-on", a ajouté cette source. Lors de la présentation du projet au CCE à la fin janvier, le groupe de Louis Nicollin (spécialisé dans le nettoyage urbain, le ramassage et le traitement des déchets), président du club de football de Montpellier, avait été présenté comme actionnaire régional confirmé, mais pour un montant non révélé. L'architecte François Fontès, qui a conçu l'hôtel de ville de la métropole languedocienne, était cité comme autre investisseur possible. Le CCE a réclamé qu'une seconde consultation ait lieu sur l'identité de "tous les actionnaires" et sur leur part dans le capital, ainsi qu'un engagement écrit garantissant l'indépendance des rédactions vis à vis des actionnaires. La vente, qui concerne aussi la filiale d'imprimerie et la régie publicitaire, devrait être bouclée pour le 1er mai, après consultation des autorités de la concurrence. Les Journaux du Midi avaient été acquis par GSO en 2007 pour 90 millions d'euros.

(avec l’AFP).

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