TNT gratuite : LCI défend sa cause

Le risque plane toujours et le président du groupe TF1 Nonce Paolini n'en fait toujours pas mystère. Si LCI n'est pas autorisée à passer de la TNT payante à la TNT gratuite, "je serais obligé de me séparer de ses collaborateurs", a-t-il dit devant l'ensemble des membres du CSA qui l'auditionnait officiellement mercredi sur la demande formulée par la chaîne d'information d'être diffusée en gratuit. Avec ses 20 ans d'existence, "et 20 ans ce n'est pas un âge pour mourir", souligne-t-il, le patron de TF1 a en effet tenté de convaincre les membres du CSA du bien-fondé de cette demande aussi bien en terme éditorial que publicitaire, point d'achoppement majeur avec les deux concurrents sur le même crédo de la chaîne : BFM TV et iTélé. "Nous ne sommes pas un nouvel entrant, LCI est là depuis 20 ans", martèle Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1, devant l'instance. Et le groupe est venu avec ses chiffres pour expliquer ses ambitions d'une LCI diffusée en TNT gratuite sans que cela ne siphonne le gâteau publicitaire, le nerf de la guerre. Sur la pointe des pieds, LCI table sur 105 000 téléspectateurs de 4 ans et plus en quart d'heure moyen à l'horizon 2019 contre 13 000 en 2013. "Nous prendrions à BFM TV et iTélé, 5 000 téléspectateurs par quart d'heure moyen, soit 2% de leur audience", souligne Eric Jaoüen, secrétaire général de l'information de TF1, devant les Sages. Les recettes publicitaires nettes, quant à elles, passeraient de 4 millions € en 2013 à 39 millions en 2019, date à laquelle la chaîne serait, selon des prospectives réalisées par RBB Economics à la demande de TF1, en équilibre avec un revenu global de 52 millions €. Pour M. Jaoüen, les deux chaînes concurrentes ne seraient que "marginalement impactées" par l'arrivée de LCI sur leur pré-carré, car la croissance des revenus publicitaires de la chaîne proviendrait de "l’ensemble des chaînes de TV" et de la "croissance de l’offre globale, a-t-il expliqué au CSA. Et pas seulement des deux autres chaines d'informations. Dans cette affaire, "le risque économique est pour TF1 et pas pour les deux chaînes solidement établies. LCI est challenger", explique M. Paolini. De plus, insiste Eric Jaoüen, il "n'y a pas de profil-type de téléspectateurs des chaînes d'infos", donc pas de chevauchement de cibles publicitaires entre les acteurs qui n'ont pas non plus un "marché publicitaire en propre". De même, pour lui, "les GRP proposés par les chaînes d'infos sont également présents sur les autres chaines : les GRP sont substituables".

Juste équilibre entre atouts éditoriaux et ambitions digitales

Et pour "sortir du ghetto sans avenir de la confidentialité" sans ne jamais être "populiste", selon les termes du président du groupe TF1, LCI fourbit ses armes également au niveau de l'éditorial. Sans révéler la future stratégie des programmes dans l'hypothèse d'un choix favorable du CSA, le directeur général de la chaîne Eric Revel a résumé le projet "LCI 2015" comme "un juste équilibre entre nos atouts éditoriaux et nos ambitions digitales". La chaîne proposera ainsi en début de soirée un nouveau rendez-vous, Place Publique, qui dans sa première partie donnera la part belle au décryptage et à l'avis pédagogique d'experts autour de l'actualité du jour, et dans sa seconde s'attachera aux thématiques culturelles et scientifiques, notamment. M. Revel a également annoncé la signature d'un accord avec le réseau Télévisions Locales de France afin de permettre des échanges de programmes au niveau des régions. Au chapitre digital, LCI misera également sur les réseaux sociaux et le second écran, le décryptage répondant à l'information brute, tandis que l'ensemble des journalistes de la chaîne disposera d'un compte Twitter professionnel. "Sur les moyens nomades, LCI sera formidablement présent au 1er janvier 2015", si le CSA accepte sa candidature, indique encore M. Revel.

Parole aux opposants

Le match va maintenant se poursuivre, puisque la parole sera donnée aux tiers qui en ont émis le souhait, et qui seront auditionnés le 13 mai prochain par le CSA. Seront ainsi entendus dans l’ordre du tirage au sort : NextRadioTV, le syndicat professionnel des radios diffuseurs généralistes privés (SRGP), le syndicat professionnel des télévisions locales de France (TLF), le groupe Canal+, Orange, l’association des chaînes indépendantes (l’Equipe 21, Numéro 23, Gulli, BFM TV, RMC Découverte, NRJ 12, chérie 25), France Télévisions, l’association des chaînes conventionnées éditrices de services (ACCeS) et l’Equipe 24/24.

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