Vivendi adopte les droits de vote doubles

Les actionnaires de Vivendi ont accepté vendredi l'application des droits de vote doubles dans leur entreprise, au cours de l'assemblée générale du groupe, faute d'avoir adopté une résolution contraire déposée par le fonds de gestion PhiTrust. Seuls 50,15% des actionnaires ont voté pour la résolution qui visait à bloquer la mise en place des droits de vote doubles, alors qu'elle nécessitait une majorité des deux tiers pour être adoptée. 49,85% des actionnaires ont voté contre. Les actionnaires ont aussi rejeté, mais de justesse, deux autres résolutions qui devaient autoriser le directoire à augmenter le capital. Les 15ème et 16ème résolutions ont recueilli respectivement 65% et 63% des votes, alors qu'elles requéraient aussi une majorité des deux tiers. La résolution déposée par la société de gestion française PhiTrust aux côtés de neuf autres actionnaires représentant 2% du capital, demandait la non-application au sein du groupe d'une disposition issue de la loi Florange, qui permet aux actionnaires de disposer d'un droit de vote double par action à partir de deux ans de détention. "Le droit de vote double n'apporte pas grand-chose aux petits porteurs", a déclaré le directeur général délégué de PhiTrust, Denis Branche, au cours de l'assemblée générale. "Il favorise de fait les investisseurs voulant exercer le contrôle d'une société sans payer de prime de contrôle", a-t-il ajouté. Le directoire de Vivendi avait appelé à voter contre cette résolution, qui visait principalement le premier actionnaire du groupe, par ailleurs président du conseil de surveillance, Vincent Bolloré. L’assemblée générale a en outre adopté les nominations de Tarak Ben Ammar et de Dominique Delport (Havas Media) en tant que nouveaux membres du conseil de surveillance.

Ces dernières semaines, Vincent Bolloré avait accru sa participation dans Vivendi, passant de 5 à 8%, puis à 12,1%, jusqu'à atteindre 14,5% du capital le 9 avril, soit 196 millions d'actions, pour une valeur boursière de 4,7 milliards d'euros. Au cours de l'Assemblée générale, M. Bolloré a récusé que cette disposition soit "un point pour [lui]", assurant qu'elle était dans l'intérêt de l'entreprise. "Plus de la moitié des sociétés du CAC ont déjà un droit de vote double", a-t-il déclaré, ajoutant qu'une "bonne capacité d'exécution" était indispensable pour faire face à la concurrence. M. Bolloré faisait aussi face à la fronde du fonds activiste PSAM, qui tentait d'infléchir la stratégie de la direction dans le sens d'une rémunération plus importante des actionnaires. Vivendi était finalement parvenu à un accord pour la distribution de 6,75 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires d'ici 2017. En échange, PSAM s'était engagé à voter contre la résolution de PhiTrust. Dans une déclaration d'intention publiée par l'Autorité des marchés financiers (AMF), M. Bolloré avait indiqué qu'il envisageait de "poursuivre ses achats d'actions Vivendi, en fonction des opportunités de marché" mais "pas de prendre le contrôle de la société".

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