Claude Perdriel : '‘Je suis une espèce en voie de disparition’'

Ceux qui imaginaient que Claude Perdriel, propriétaire du magazine Challenges, serait sur le point de le vendre en seront pour leurs frais. « Non, je ne l’ai jamais envisagé », a-t-il ainsi indiqué lors d’une rencontre avec quelques journalistes. « J’ai plutôt envisagé un partenaire minoritaire pour donner plus de chance au magazine de réussir. Un partenaire qui amènerait des possibilités de développement. Mais j’ai abandonné cette option car elle était prématurée avec les résultats 2015 de Challenges ». Il faut dire que le titre a accusé 2,6 millions de pertes en 2015 et que 2016 devrait être « du même ordre », selon le dirigeant. Le process de rupture avec le groupe Nouvel Observateur aura en effet pesé lourd sur les comptes car il a fallu « recréer » des services type back-office et travailler à un nouveau site internet et à son logiciel. Si la séparation officielle sera effective le 30 septembre prochain, il n’en reste pas moins que « nous payions trois fois pour le même service », assène M. Perdriel.

Un plan de départs volontaires « généreux »

Mais l’homme est optimiste. Et ambitieux. Si Challenges affiche une baisse de diffusion de 10,12% sur les trois premiers mois de l’année 2016, à 184 035 exemplaires (source DDT-ACPM), son dirigeant vise  197 000 exemplaires en 2016 et, à termes, les 200 000. « J’ai le devoir d’assurer l’avenir de Challenges », a-t-il souligné. Et dans ce cadre, un plan de modernisation est enclenché afin de faire baisser les pertes et les limiter « à 1 million d’euro ». Claude Perdriel entend recourir à un plan de départs volontaires « généreux », hors journalistes, qui devrait concerner moins d’une dizaine de collaborateurs de Challenges sur 75. Le titre devra en outre faire des économies de sous-traitance informatique, notamment, qui pourrait dégager 400 000 euros. Côté maquette, peu de changements avec 2-3 pages étrangers de plus. « J’ai horreur des nouvelles formules », martèle-t-il.

A près de 90 ans, le dirigeant n’est pas plus disposé à passer la main sur ses activités presse qui, outre Challenges, comprennent notamment Sciences et Avenir et la régie MediaObs. Et si par malheur, il y était contraint, « ma femme m’a dit : si je peux, je continuerai. Elle ne cèdera pas la majorité». Quoi qu’il en soit, là aussi, « je n’envisage pas de céder ou faudrait-il que je trouve quelqu’un qui me ressemble. Mais je suis une espèce en voie de disparition », sourit-il.

Le rachat de Sophia Publications

Claude Perdriel est également revenu jeudi sur le rachat pour un montant non dévoilé de 50% du groupe Sophia Publications (La Recherche, L’Histoire, Historia, Le Magazine Littéraire) dont il détenait déjà 50%. « J’ai fait une offre de reprise qui devrait être effective au 11 juillet prochain », date butoir fixé par le tribunal de commerce de Paris pour valider la transaction. Sophia Publications ayant été mis en redressement judiciaires en février dernier dont il est ressorti en mai dernier. Aujourd’hui, Sophia Publications n’est « plus déficitaire mais a un peu de dette (1,5 M€, ndlr) » alors que ses titres seront commercialisés par MediaObs, explique M. Perdriel.  Avec ses titres et ceux de Sophia Publications, l’octogénaire réfléchit actuellement à des packs d’abonnements.  « Je veux faire un petit groupe de presse que je veux amener à l’équilibre », ambitionne-t-il. Comme un jeune homme.

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