Livre : Thierry Welhoff instruit le procès de la communication

Thierry Wellhoff, PDG de l’agence Wellcom, signe littéralement « Le procès de la communication. Accusée, levez-vous ! », et son titre n’est pas mensonger, il instruit le procès en cause en se transformant en chroniqueur juridique : exposé, interrogation du prévenu, réquisitoire du procureur… Et surtout débats, pièces à conviction, expertises judiciaires, suspensions de séances, témoins à la barre… On s’y croirait. Il ne manque que les portraits au dessin noir et blanc pour que l’illusion soit totale. Le livre surprend, amuse… on oublie vite le procédé littéraire d’un homme qui a tout compris de la com’et pour cause il en est un expert indépendant depuis 35 ans, car il fonctionne parfaitement pour examiner les arguments de l’accusation, et construire un plaidoyer convaincant. Superficialité, manipulation, inutilité, prévarication, pollution… Tout y passe.

Disons-le tout de suite, le livre est plaisant à lire car TW, l’avocat possède au-delà de son expérience, une écriture facile et une culture du XXe siècle et d’avant qui appelle en renfort les grands hommes de l’histoire, les philosophes, les scientifiques, les patrons… Le Dieu chrétien « Au commencement était le verbe » et bien sûr le terrorisme qui s’appuient tous sur une pratique consommée de la communication. La culture laisse la place à l’expertise : Shannon, Palo Alto, Debord, Dru ou Wolton servent utilement le plaidoyer sans l’alourdir. Les témoins fournissent quelques bonnes surprises. Il est plaisant d’écouter Jean Philippe Sarcos, chef d’orchestre baroqueux, s’exprimer sur la pauvreté de la musique sans communication, instructif de plonger avec Elsa Godart, philosophe et psychanalyste sur les difficultés de la communication sociale. FOG donne au juge des positions connues mais joliment tournées, sur information et communication, Michel Desjoyaux quitte sa barre à 360° pour nourrir le même thème…

On dépasse la moitié du livre et cela commençait à surprendre, voire à peser : toujours peu ou pas de référence au numérique qui change quelque peu les attendus. Le livre aurait pu être écrit, il y a 20 ans : Al qaida et Daesh excepté… Une conversation privée sur skype entre l’avocat et le procureur remet les pendules à l’heure, mais le digital n’obsède visiblement pas l’auteur et c’est peut être bien ainsi pour analyser les fondamentaux de la communication quelle qu’elle soit. Les témoins se succèdent pour en aborder plus classiquement les différents aspects : Hervé Témine (avocat), Stéphane Richard (Orange), Jean Marie Fardeau (communication non profit) ou Gaspard Gantzer (Présidence de la République). Au final, un bon texte bien packagé pour réfléchir sans s’ennuyer. Et le verdict me direz-vous ? À vous de voir. XD. Éditions Manitoba/Les Belles Lettres.

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