Décès de l’ancien directeur du Monde Jacques Lesourne

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L'économiste et ancien directeur du Monde Jacques Lesourne, grand apôtre de la prospective, est décédé dimanche à l'âge de 91 ans, a rapporté mardi le quotidien sur son site. Né en décembre 1928 à La Rochelle, ce polytechnicien et ingénieur des Mines, ancien professeur d'économie au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), avait participé à de nombreux projets, organismes et travaux autour de la prospective en France. Il avait notamment dirigé un programme de recherche de l'OCDE baptisé "Interfuturs" et collaboré à la revue d'études prospectives Futuribles, et rédigé de nombreux ouvrages dont "Les mille sentiers de l'avenir" ou "Le modèle français, grandeur et décadence". Il avait également été haut cadre du groupe Charbonnages de France et fondé une société de conseil en stratégie, la Sema. Il avait accepté de prendre la direction du journal Le Monde en 1991, poussé par Alain Minc, espérant mettre fin à une longue crise de succession entraînée par l'annonce du départ d'André Fontaine. Un profil totalement inédit pour le quotidien, puisqu'il fut son premier directeur non journaliste et non issu de ses rangs. Mais qui ne fit pas l'unanimité, loin s'en faut, au sein du journal. "Il souffrit beaucoup à ce poste, où ses qualités d'analyste et de sage pédagogue ne trouvaient guère à s'employer", a témoigné Bruno Frappat, que Jacques Lesourne avait nommé directeur de la rédaction, et auteur de l'article du Monde annonçant son décès. Une défiance qui ne s'était jamais levée, et qui, doublée d'une grave crise du marché publicitaire post-guerre du Golfe, avait beaucoup compliqué son action, au point que Jacques Lesourne avait fini par jeter l'éponge, en démissionnant du journal en 1994. "Gardons le souvenir d'un humaniste intensément cultivé, affable, d'une courtoisie très datée, analyste désabusé d'une époque sans héroïsme et prospectiviste savant égaré dans un monde qui lui échappait", a souligné Bruno Frappat. L'actuel directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a salué son "grand dévouement à la cause de notre journal", qu'il a aidé "à traverser une période compliquée de son histoire".

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