Opération "Safe Place" pour les influenceuses

Menaces, campagnes de dénigrement, isolement : les cyberviolences visant les créatrices de contenu se multiplient, alors même que les réponses institutionnelles ou sectorielles restent largement insuffisantes. Dans une étude Ipsos de 2023, 46% des femmes déclaraient avoir déjà été victimes de cyberviolences, et près de 9 sur 10 estimaient que les dispositifs de réponse étaient inadaptés. Dans ce sombre contexte, l’Union des Métiers de l’Influence et des Créateurs de Contenu (UMICC) lance Safe Place un programme d’événements itinérants à Paris, Biarritz et Marseille. "Pensée comme une initiative de terrain, Safe Place est conçue comme un espace d’écoute, de ressources et de solutions concrètes" précise la  fédération professionnelle dédiée au secteur de l'influence créée en 2023. Elle est portée aux côtés de BNP Paribas, Orange, les Galeries Lafayette, la Gendarmerie Nationale et l’association Point de Contact. Ensemble, ces partenaires s’engagent "à briser le silence, soutenir l’entrepreneuriat féminin dans l’influence et structurer des réponses durables face au harcèlement numérique". À travers Safe Place, l’UMICC entend offrir "un cadre sécurisé pour accueillir la parole des premières concernées, leur fournir des outils de protection (juridiques, psychologiques, techniques), et renforcer leur posture entrepreneuriale dans un environnement numérique de plus en plus hostile". Chaque étape comprendra une table ronde sur les cyberviolences avec un panel d’experts (créatrices, représentants de la Gendarmerie Nationale, association de signalement), un atelier de coaching entrepreneurial et un temps de mise en réseau. Le coup d’envoi du programme a été  donné le 1er juin à l’espace BNP Paribas de Roland-Garros, avec une première matinée articulée autour d’une table ronde intitulée "Cyberviolences : l’enfer des créatrices, le vide des réponses, des clés pour agir". Parmi les intervenants : la créatrice de contenu Marion Séclin, Joy-Alexandra Denis réserviste de la Gendarmerie Nationale et Bénédicte de Kersauson, déléguée générale de l’UMICC.  Le programme se poursuivra à Biarritz le 18 juin, accueilli par les Galeries Lafayette, puis à Marseille en septembre. "Les créatrices de contenu sont en première ligne du harcèlement numérique, souvent sans soutien ni cadre clair pour se protéger. Avec la Safe Place, nous voulons que chaque créatrice sache qu’elle n’est pas seule, qu’il existe des outils, des alliés, et une fédération engagée pour faire bouger les lignes. L’UMICC porte ce combat à l’échelle nationale et entend structurer des réponses durables. C’est aussi une manière de mieux accompagner et représenter ces entrepreneures de la création numérique" précise Bénédicte de Kersauson, déléguée générale de l’UMICC. La fédération propose désormais un accompagnement personnalisé pour ses membres victimes de cyberviolences, un suivi sectoriel documenté des signalements et la mise en place d’un espace de signalement dédié avec "Point de Contact", signaleur de confiance auprès de l’ARCOM. L'UMICC teste également une solution de protection contre les messages toxiques en ligne en s’associant à Bodyguard grâce à son partenaire Orange. "Ce qu’on vit quand on est ciblée en ligne, c’est violent, invisible, et souvent minimisé. Avec la Safe Place, c’est la première fois qu’on nous donne des outils. C’est une réponse concrète qui montre qu’on ne va plus laisser passer" commente Jujufitcats, créatrice de contenu et membre de l’UMICC.

À l’issue des trois étapes, l’UMICC publiera un livrable intitulé "Voix de créatrices". Ce rapport réunira témoignages, analyses et recommandations concrètes aux pouvoirs publics pour renforcer la protection des créatrices face aux cyberviolences et accompagner durablement leur développement professionnel. Sa diffusion permettra d’inscrire ces problématiques au cœur des politiques publiques numériques, encore trop absentes sur ces sujets.