Affaire Winamax-ANJ : l’ARPP va faire évoluer sa Recommandation "Jeux d’Argent"

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Magali Jalade, directrice des affaires publiques et juridiques de l'ARPP

Jeudi dernier, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a donné un mois à Winamax pour retirer son film publicitaire « Tout pour la daronne ». Si l’ANJ est dans son nouveau rôle, comment se positionne l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), pourtant au cœur du système, dont la marge de manœuvre a en l’espèce semblé ici réduite ? CB News a interrogé Magali Jalade, directrice des affaires publiques et juridiques de l’ARPP.

CB News : L'Autorité Nationale des Jeux (ANJ) vient de demander à Winamax le retrait de son film de mai 2021 "Tout pour la daronne" signé TBWA\Paris*. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Magali Jalade : L’ANJ est dans son rôle. L’ordonnance de 2019, qui a renforcé la régulation de la publicité, a donné à l’ANJ la compétence d’accompagner la stratégie promotionnelle des opérateurs par une approbation annuelle de sa part de cette dernière mais, elle a aussi donné à l’ANJ le pouvoir de retrait des communications commerciales après diffusion.

CB News : L’ANJ met en avant un décret du 4 novembre 2020 qui interdit à la publicité pour les paris sportif de véhiculer le message que ceux-ci peuvent « contribuer à la réussite sociale ». Avez-vous cette même interprétation juridique ?

Magali Jalade : Le décret de 2020 fixe les contenus des communications qui sont interdits pour les opérateurs de jeux et une des dispositions introduit cette notion de « réussite sociale ». Les lignes directrices de l’ANJ, qui ont été publiées, lui permettent, comme elle l’a précisé, de réexaminer certaines communications commerciales pour évaluer leur conformité à ces lignes directrices. L’ARPP va faire évoluer sa Recommandation « Jeux d’argent » qui est déjà un texte précieux, concret et opérationnel, dans la régulation de la publicité des jeux d’argent. Les professionnels réunis au sein de l’ARPP vont mettre à jour la Recommandation au regard de l’Avis qui a été rendu par le Conseil Paritaire de la Publicité - qui réunit un collège d’associations, notamment de consommateurs et familiales et un collège de professionnels (marques, agences et médias) - adopté en plénière le 18 janvier dernier, après auditions des parties prenantes dont l’ANJ et des opérateurs. La nouvelle Recommandation devra insérer la notion de « réussite sociale » qui n’existe pas dans sa version actuelle et elle prendra en compte les préconisations du CPP sur ce point ainsi que les lignes directrices de l’ANJ, pour éviter les incohérences entre deux textes.

CB News : Tous les films publicitaires TV sont soumis à l’ARPP. Avez-vous alerté agence et/ou annonceur d’un possible problème ?

Magali Jalade : Selon la décision de l’ANJ, la société Winamax doit retirer sa communication de tout support de diffusion au plus tard dans un délai d’un mois à compter de la notification de celle-ci à l’annonceur, qui a donc été informé. L’Avis rendu par l’ARPP sera ainsi modifié.

CB News : Y-a-t-il eu en l’espèce un raté dans l’autorégulation qui est le cœur du fonctionnement de l’ARPP ?

Magali Jalade : Pour la publicité en question ni l’ARPP ni l’ANJ n’ont demandé le retrait avant cette décision. Des échanges ont eu lieu entre l’ARPP et l’ANJ sur les dispositions du décret et, l’ANJ a de son côté dressé une ligne d’interprétation qui a été concrétisée dans ses lignes directrices. L’ANJ devait préciser son interprétation des termes du décret de 2020, ce qu’elle a fait dans le cadre des lignes directrices qu’elle a publiées et qui ont été présentées aux opérateurs. Il était important que chaque opérateur connaisse l’interprétation du texte réglementaire avant que l’ANJ exerce le droit de retrait dont elle dispose désormais.

*Contactée par CB News, TBWA\Paris n’a pas retourné nos demandes de commentaire.

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