L’ANJ rejette la stratégie promotionnelle 2022 de Winamax et met en garde FDJ et le PMU

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Après avoir demandé le 17 mars dernier à Winamax le retrait de son film publicitaire de mai 2021 "Tout pour la daronne" signé TBWA\Paris et ce dans un délai d’un mois, l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a dressé mercredi dans un communiqué un panorama des stratégies promotionnelles 2022 des opérateurs de jeux d’argent*, comme le cadre légal fixé le lui permet. Ce sont ainsi les stratégies de 15 opérateurs en ligne agréés et des 2 opérateurs sous droits exclusifs (FDJ et PMU) qui ont été scrutées par l’instance. Au global, pointe-t-elle, on a assisté à une augmentation des budgets publicitaires de 7% « avec des campagnes d’envergure concentrées en fin d’année autour de la coupe du monde de football » ainsi qu’à une « mobilisation systématique des leviers numériques » qui se caractérise, d’une part, par « une fréquence élevée de sollicitations commerciales des joueurs » et, d’autre part, par une présence accrue des opérateurs sur les différentes plateformes sociales, notamment celles suivies par les jeunes adultes ou les mineurs (Tiktok, Snapchat, Twitch et Instagram) et un recours « de plus en plus important » aux influenceurs. Dès lors, avec la volonté du régulateur de « désintensifier » le marché publicitaire en matière de jeu d’argent afin de mieux protéger les publics vulnérables et les mineurs, l’ANJ entend faire un point d’étape « à mi-année ». En cas de non-respect de cet aspect, l’organisme pourra, « le cas échéant », saisir sa commission des sanctions.

Winamax devra déposer une nouvelle demande

Dans ce panorama, l’ANJ annonce le « rejet de la stratégie promotionnelle 2022 » de Winamax qui a, selon elle, mis en évidence « plusieurs difficultés d’importance ». D’abord, un ciblage « trop fort » des jeunes adultes comportant un risque réel de jeu des mineurs. Ensuite, une stimulation « quasi permanente » des joueurs au moyen de campagnes « de communication et de partenariats problématiques du point de vue du jeu excessif ». Enfin, l’ANJ relève un « risque global » de pression publicitaire accru en 2022 « alors que ce niveau de pression était déjà très fort l’année précédente ». Pour l’ANJ, cette stratégie promotionnelle 2022 ne pouvait pas, en l’état, « être considérée comme conforme à l’objectif de prévention du jeu excessif et de protection les mineurs ». Winamax devra donc déposer, au plus tard dans un délai d’un mois, une nouvelle demande d’approbation de sa stratégie promotionnelle.

Un effort de vigilance et de modération pour FDJ et le PMU

Concernant par ailleurs le « cas particulier » des opérateurs sous monopole (FDJ et PMU, ndlr), l’ANJ rappelle que ceux-ci, en raison de leur statut spécifique, doivent veiller à ce que leur politique promotionnelle demeure « mesurée et limitée à ce qui est nécessaire pour canaliser la demande de jeu vers l’offre légale ». En clair, elle doit avant tout « consister à informer leurs clients potentiels de l’existence de son offre et non à stimuler activement ces derniers et encourager la pratique du jeu ». Toutefois, l’ANJ souligne concernant FDJ « l’ampleur » de la politique promotionnelle qu’il projette, dans son volume et ses modalités de diffusion (TV, digital, radio, affichage), « qui peut être regardée comme dépassant, à certains égards, ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif de canalisation ». De même, indique encore l’ANJ, les communications commerciales de FDJ « ne doivent pas avoir pour effet, en valorisant des arguments d’intérêt général ou en faisant miroiter des gains mirobolants, de banaliser le jeu ou de stimuler de manière trop vigoureuse la pratique de jeu ».

Pour le PMU, là aussi un « effort analogue de vigilance et de modération est demandé » par l’instance. Pour elle, l’entreprise doit notamment s’abstenir de diffuser, dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie de recrutement par « la transmission », « toute communication commerciale qui présenterait le jeu d’argent et de hasard comme un loisir familial impliquant des mineurs ou qui ferait référence à une initiation des mineurs aux jeux par un membre de leur famille ». Par ailleurs, l’ANJ rappelle à l’opérateur qu’il doit « veiller à ce que la mise en œuvre de sa politique promotionnelle, en particulier via l’octroi de gratifications financières, ne conduise pas à renforcer l’intensification des pratiques de jeu qui caractérise déjà le pari hippique ».

*: Chaque année, les opérateurs de jeux d’argent, sous monopole ou en concurrence, doivent soumettre à l'approbation de l'Autorité nationale des jeux leur stratégie promotionnelle. Celle-ci l’examine au regard des objectifs de la politique de l’Etat en matière de jeux d'argent et de hasard et, plus particulièrement, la prévention du jeu excessif ou pathologique et la protection des mineurs. Lors de l’examen de ces stratégies promotionnelles, la grille d’analyse de l’ANJ tient compte de l’équilibre à trouver entre le recours légitime à la publicité par les opérateurs pour promouvoir l’offre légale de jeu et la nécessité de ne pas encourager le jeu excessif ou pathologique et protéger les mineurs. Le cadre de référence pour la prévention du jeu excessif et pathologique et la protection des mineurs adopté le 9 avril 2021 propose un mode d’emploi opérationnel pour les opérateurs dans la mise en œuvre de ces obligations.

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