Assaël Adary (Occurrence) : « nous sommes submergés par un trop grand nombre de réponses »

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Président du cabinet d’études et conseil Occurrence, Assaël Adary répond aujourd’hui aux questions de CB News, alors que la période de confinement se poursuit et que les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de l’audio ou encore de la high-tech s’interrogent sur comment vivre avec cette crise et, surtout, comment en sortir. 

6ème semaine de confinement et de télétravail… Après la mise en place d’une nouvelle organisation, y-a-t-il eu des ajustements, des manques, des innovations en la matière. Tout est-il rose dans ce nouveau mode de travail ?

La production en télétravail n’a pas été compliquée à mettre en place au sein du cabinet Occurrence. Depuis longtemps une partie de nos effectifs est en télétravail permanent ou partiel (Bordeaux, Aix-en-Provence, Orléans, La Rochelle…) et grâce à eux, nous avons appris à gérer la distance. Les outils comme Slack, Teams, Zoom ... n’avaient donc plus de secret pour nous au début du confinement ! Mais cela n’efface pas les difficultés de certains collaborateurs à gérer leur quotidien, notamment lorsqu’ils ont des enfants, en bas âge ; ce qui fait tout de suite prendre conscience des chaînes de valeurs invisibles : le rôle de l’école évidemment mais aussi celui des grands parents !

À partir de la 3ème semaine nous avons lancé une opération « anti-procrastination » pour tous les collaborateurs, du dirigeant aux apprentis : nous avons listé l’ensemble des tâches que nous avions toujours décalées, remises au lendemain car il y avait toujours plus urgent ou plus important et nous nous y sommes attelés. Nous sommes convaincus que nous sortirons de cette période inédite plus forts si nous avons le sentiment que ce temps n’a pas été vain et improductif. Enfin, nous avons créé le Groupe LinkedIn Covinials, ouverts à tous, en interne et en externe, afin de partager analyses, documentations, réflexions sur ce que nous vivons en tant que « nouvelle communauté de destin » et que nous tentons de cerner.

Quelles sont les urgences de vos clients ? Que vous demandent-ils ? Quelles sont vos préconisations ?

Nous identifions trois besoins liés à nos missions d’études et d’écoute des parties prenantes. D’abord l’interne où il faut prendre le pouls du corps social qui a été mis à très rude épreuve. Comprendre comment a été vécu ces semaines ? Quelles sont les nouvelles attentes pour demain en matière de gouvernance et de management de l’entreprise ? Reprendre « comme si de rien était », sans écouter, vraiment, profondément les perceptions des collaborateurs, nous semble aujourd’hui une faute ! Nous avons adapté nos outils d’étude d’engagement, de climat interne pour répondre à cette demande. Ensuite, les réseaux sociaux avec des missions de veille, d’alerte et de compréhension des nouveaux enjeux sociétaux en analysant les signaux faibles qui y émergent. Et enfin, nous avons plusieurs missions qui nous conduisent à accompagner les Dircom dans leur analyse, diagnostic et préparation de l’après sur ce qu’il faudrait ou non conserver, changer…

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier de cette crise ?

Le secteur des études et Occurrence ne sont pas vaccinés contre les crises mais les subissent souvent un peu plus tardivement et un peu moins fortement (j’espère que cela sera encore le cas avec celle-ci supérieure à toutes les autres sur l’échelle de Richter). En effet, dans la tempête, quand l’inconnu est la nouvelle normalité, les entreprises ont besoin de données pour se repérer, se guider, allouer leurs ressources de manière objectivée et plus sereinement. Réduire l’incertitude, proposer et instruire quantitativement et qualitativement des scenarii pour demain sont les bénéfices des études.

Y aura-t-il un avant et un après coronavirus pour votre entreprise ? Pour votre secteur d’activité ?

Demain sera-t-il l’enfant docile du monde d’aujourd’hui ou l’ado rebelle ? Doit-on s’attendre à une libération ou à un nouveau cauchemar ? Je n’arrive pas à me faire une religion entre ce que je vois, analyse et ce que j’espère. Pour le moment, je propose d’écrire après, « âprès » en lui donnant cette définition :

[âprès] : préposition désignant un lendemain rude, pénible, qui démange, qui gratte, qui questionne.

Néanmoins, j’ai le sentiment que nous sommes à l’embouchure de l’alambic. Nous sommes submergés par un trop grand nombre de réponses. Et chacune de ces réponses génère à son tour 10 ou 20 nouvelles questions… Il n’y pas trop d’inconnues, il y a trop d’équations et trop de matière à réfléchir. Je vous propose de me reposer la question en septembre, que nous laissions se dérouler le processus de distillation et que la vapeur emporte le superflu.

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