Fabrice Guez (DoohYouLike) : « nous avons fait de nos écrans un réseau social engagé In Real Life »

Fabrice Guez

Cofondateur du réseau DOOH en magasin de proximité DoohYouLike, Fabrice Guez répond aujourd’hui aux questions de CB News, alors que la période de confinement se poursuit et que les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de l’audio ou encore de la high-tech s’interrogent sur comment vivre avec cette crise et, surtout, comment en sortir. 

6ème semaine de confinement. Comment va DoohYouLike ?

Merci, nos équipes et notre réseau de magasins se portent bien. Comme vous le savez, tous les acteurs de la proximité alimentaire sont sur le qui-vive depuis le début du confinement. En quelques jours, les modes de consommation ont drastiquement changé et les enseignes de proximité de centre-ville déjà très fréquentées, sont devenus les lieux de vie privilégiés du collectif, avec des files d’attente à toute heure de la journée. Nos écrans continuent d’accompagner le quotidien des français, nous avons même adapté les contenus et la ligne éditoriale de notre média, dans une démarche solidaire et résolument empathique. La crise actuelle révèle de manière plus profonde notre mission et les valeurs de notre média.

Vos contenus, vos process… Tout était à revoir ? Une gageure ?

En ce qui concerne nos Opérations, nous avions anticipé un scénario 100% home office et pris le temps de bien sélectionner les meilleurs outils de collaboration, afin de poursuivre notre travail dans des conditions “presque” normales. Pour ce qui est de la programmation sur nos écrans, nous avons opéré un switch immédiat dès le 16 mars, avec la diffusion de contenus à caractères sanitaires, préventifs et informatifs quant aux mesures prises en magasin et nouveaux horaires d’ouverture. 

Nous avons ensuite dès le 18 mars invité tous les annonceurs FMCG à transmettre leurs messages de marque positifs, bienveillants et solidaires sur nos écrans, via l’opération #FeelGood. Nous offrons gracieusement à toutes les marques l’opportunité de continuer à nourrir le lien avec leurs consommateurs et rester à leur côté à travers des campagnes positives et résilientes, pendant toute la durée du confinement.  La semaine du 23 mars, nous avons lancé l’opération #Mercilaproxi, qui invite les consommateurs à remercier tous les acteurs des enseignes de proximité, avec un message simple et solidaire, en photo sur nos écrans.

À notre échelle, nous avons fait de nos écrans un réseau social engagé In Real Life, avec pour objectif de partager des bonnes ondes et accompagner les français dans cette période si singulière. En somme, nous rendre utile et nous mettre au service du collectif.

Qu’attendent de vous vos clients aujourd’hui ? Que leur préconisez-vous ?

Concrètement, toujours plus de souplesse, d’adaptation et de bon sens pour assurer une certaine continuité pour rester présente dans le paysage pendant le confinement, puis préparer les enjeux incertains du déconfinement. Nous préconisons de prendre le temps de la réflexion, de jouer la prudence et la sobriété, pour trouver les formes de dialogues les plus adéquates afin de garder le lien avec les consommateurs.

Certaines marques pensent qu’il est indécent de communiquer, tandis que d’autres cherchent à garder une proximité avec leurs consommateurs, en trouvant leur place dans le mode de vie actuel du collectif. Notre parti pris et notre préconisation est qu’il est important de continuer à travailler sa présence auprès des consommateurs, tout en travaillant le sens, la raison d’être, les valeurs profondes, en lien avec le contexte et l’état d’esprit des populations. En ouvrant notre opération #FeelGood, Nous avons tenté de résoudre l’équation pour à la fois encourager les prises de paroles dans une ligne éditoriale que nous estimons utile et résiliente.

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier de cette crise pour vous ?

Il demeure à ce jour difficile à évaluer avec précision, mais pour nous comme pour l’ensemble du marché, ce sera un sacré coup dur. Par exemple, le report ou l’annulation des campagnes pendant le confinement a naturellement un impact financier immédiat. Cela dit, chez DoohyouLike, nous voyons déjà quelques raisons de rester optimistes.

D’une part les industriels FMCG dans leur grande majorité génèrent des résultats sans précédents depuis le début de la crise, et ce avec un moindre effort de communication et marketing sur la période. Ce qui selon nous implique qu’avec des moyens financiers renforcés, ces annonceurs pourraient intensifier leurs prises de paroles et leur présence dans les rayons, à coup d’innovations produit et de communications émotionnelles, dès le retour à la normale. D’autre part, cette tendance de plus en plus accentuée vers les achats en circuits courts (et notamment vers la proximité alimentaire), représente une véritable opportunité pour notre média de la proximité. Notre positionnement unique et privilégié dans le quotidien du shopper prend à nouveau tout son sens, pour offrir un levier de communication pilier dans toutes les stratégies média des marques de grande consommation.  

Enfin, à plus court terme, le report de l’Euro 2020 de football ainsi que des Jeux Olympiques de Tokyo, deux événements incontournables et majeurs en matière de communication pour les marques FMCG, nous permet d’obtenir de la marge temporelle, pour finaliser notre implantation au national amorcée depuis Janvier 2020, puis interrompue depuis le début du confinement. En dépit des difficultés, nous prenons cette période comme une opportunité de travailler en profondeur notre stratégie multi-locale, pour proposer une offre encore plus attractive dès le retour à la normale.

 Pour vous, il y aura un avant et un après cette crise ?

Tant sur l’éthique, que les comportements et dans les modes de vie au quotidien, ce cataclysme a et aura à notre sens de profonds impacts. Le “chacun chez soi” a remis la préparation d’aliments frais et des plats faits maisons au goût du jour. Nous pensons qu’il y a des chances pour que ces comportements assimilés au plaisir restent quelque peu ancrés. Les mesures de déplacements restrictives ont quant à elles cantonné le consommateur à des habitudes d’achats limités à quelques pas de chez lui. Nous pensons que la crise aura renforcé la tendance vers un retour toujours plus accru à la proximité, avec +30% de hausse sur la période. Par ailleurs, une tendance de consommation accrue vers les produits “made in France” semble se dessiner. Et pas simplement pour les produits frais ou de grande consommation. Il y a fort à parier que cela se poursuive après la crise.

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