Fabrice Valmier (VT Scan) : « nous préconisons de ne pas faire d’appels d’offres sur les prochaines semaines »

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Deuxième semaine de confinement...CB News poursuit sa série d'interviews de professionnels de la filière communication, médias et contenus initiée mardi 17 mars. Fabrice Valmier, co-dirigeant du groupe VT Scan, s’est prêté à l'exercice.

Le confinement s'est généralisé ...Comment faîtes-vous face au sein de VT Scan ?

Nous avons anticipé et préparé un plan de continuation d’activité quelques jours avant l’annonce effective. Du coup, le lundi démarrant le confinement, toutes les équipes étaient équipées, et prêtes à travailler de leur domicile, avec les outils qui fonctionnaient. Bref aucune rupture et un « Outil VT Scan » qui continue d’avancer. À noter que – et cela fait vraiment chaud au cœur – nos équipes sont très combatives face à la situation, et pas du tout résignées. Tout le monde travaille, est solidaire et avance du mieux possible, ce qui est vraiment satisfaisant à constater dans un tel moment.

Comment réagissent vos clients ? En ces temps de crise majeure, comment les convaincre du besoin et/ou de l’urgence de communiquer ? Que leur préconisez-vous ?

Tout d’abord, nous avons terminé ou sommes en train de terminer certaines compétitions que nous organisons avec les clients et les agences, et cela se passe plutôt bien, car des contacts physiques avaient eu lieu en amont. Nous avons renforcé la coordination et le management des AO (appels d’offres, ndlr) en cours pour bien tenir les choses en cette période si délicate. Certaines missions sont en stand-by, ou décalées à mai/juin et c ‘est tout à fait logique.

Par ailleurs, notre discours est simple et responsable : en cette période, nous préconisons aux clients de ne pas démarrer d’appels d’offres. Cela pourrait paraitre paradoxal compte-tenu de notre activité de conseil en choix d’agences, mais nous préférons avoir une posture responsable. La situation est déjà assez difficile actuellement, il ne faut pas rajouter de difficultés. Donc sur les 3 ou 4 prochaines semaines, il faut absolument ne pas lancer de nouvelles compétitions, qui par ailleurs s’avèreraient sans doute peu fructueuses car les agences et leurs équipes sont déjà à soutenir leurs propres clients.

Par contre, et en parallèle, cela n’empêche absolument pas de préparer la suite. Et c’est bien ce que nous faisons le travail, et aidons les annonceurs à sécuriser leurs futurs choix sur 3 plans.

Tout d’abord dans leurs briefs, car le brief d’aujourd’hui risque bien de ne plus être à la page dans quelques semaines suite au choc de l’opinion publique. Il faut donc penser des briefs impactés par cette situation, et faire en sorte qu’ils ne soient pas obsolètes le jour où les annonceurs les enverront. Ensuite, sur la rémunération des agences. Ici nos benchmarks sont très précis pour déterminer les budgets et rémunérations Agences. Sur la sélection des agences en amont, et comme chacun s’en doute, le marché (déjà mouvant par nature) va sortir totalement transformé et bouleversé dans ce que seront devenus les agences. Il sera d’autant plus important de pouvoir éclairer les annonceurs face à ces Agences, impactées plus ou moins. À noter que notre travail d’immersion au sein du monde des agences s’est densifié ces 2 dernières semaines et continuera à l’être pour justement bien vérifier la situation du marché et de ses acteurs.

Par ailleurs, et c’est la 3ème crise que je connais dans ma vie professionnelle (Bulle de l’an 2000 avec Internet, crise financière en 2008 et crise sanitaire avec impacts économiques en 2020), j’ai retenu quelques leçons des crises précédentes. Les annonceurs qui ont – à court terme – baissé drastiquement leurs investissements média ont mis des années à revenir dans les radars des consommateurs (parfois 4 à 5 ans). Il faut donc bien poser les choses, envisager de défendre les budgets marketing et communication pour bien les dépenser ensuite, au bon endroit. Nous aiderons les Clients dans ces contextes lors des appels d’offres sur lesquels nous les accompagnerons, pour se préparer à une nouvelle normalité.

Concernant l'impact financier de cette crise inédite, en mesurez-vous les conséquences ?

Sur les premiers chiffres, le recul est brutal mais très disparate. Sur l’activité Évènementielle, c’est du -70% sur mars et avril sera ce qu’il sera, vous l’imaginez bien. Sur les activités RP, Corporate et Crise, c’est au contraire une activité qui est extrêmement sollicitée en ce moment et qui est mise à contribution pour l’ensemble des clients des groupes notamment. Sur la publicité, tout dépend des secteurs. Ainsi dans le Retail alimentaire, l’activité est forte pour les agences conseil, sur d’autres univers c’est bien plus complexe et il faut inventer une activité à distance qui n’existait peut-être pas jusqu’alors (dans l’optique et autres par exemple). En média, c’est le programmatique qui connait des difficultés mais là encore, tout évolue chaque jour… Bref, selon les métiers et les techniques de communication, la situation est très variable. Et aura un impact sur les « Outils Agences », c’est une certitude.

Comment pouvez-vous être "utile" à la société en ce moment ?

Notre position d’intermédiation nous oblige nativement à une prise de position qui permette un bon deal entre les 2 parties Annonceurs et Agences. Aujourd’hui, et en tout premier lieu, avec notre appel à ne pas faire de compétition dans les prochaines semaines, j’ai le sentiment que nous aidons à « calmer le jeu », et à contribuer à nous battre pour la relation Annonceur-Agence, qui est clé. Ensuite, il ne faut jamais oublier comme une campagne de promotion des métiers publicitaires l’avait souligné il y a quelques années, que quand la publicité fait bien son travail, elle en crée. Et c’est essentiel de rester dans la bonne distinction sur le secteur, donc de le défendre aussi car les abus sont loin derrière nous et on peut au contraire constater l’engagement de chacun et des agences auprès de leurs clients. Nous valorisons cette réalité. Si la communication est là et à sa juste place, elle aidera non seulement à réinventer les « Purposes » des marques dans le nouveau monde à venir, mais aussi à recréer des emplois et donc de l’estime pour chacun, ce dont tout le monde a besoin.

 Enfin, plus sociétalement et toujours en lien avec notre activité, nous véhiculons l’idée qu’il faut s’occuper des hommes et femmes d’abord. C’est plus tard (dans quelques semaines) qu’il va falloir s’occuper des chiffres, mais ce sont les hommes qui donneront les chiffres, donc il faut se concentrer dans l’immédiat sur les équipes internes et les partenaires externes, les payer. Pour récolter ensuite, dans un monde qui aura radicalement changé.

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