Frédéric Maillard (FMad) : « Être une agence santé implique d’être tout particulièrement sensible et responsable »

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Frédéric Maillard, fondateur de l’agence santé FMad, détaille pour CB news la situation de son activité alors que la 5ème semaine de confinement débute. Nous poursuivons ainsi nos rencontres, initiées le 17 mars dernier, avec les professionnels de la publicité, de la création, du marketing, des médias, de la high-tech…

Nous entrons dans la 5ème semaine de confinement… Comment va FMad ?

Nous avions anticipé et mis les salariés en télétravail plusieurs jours avant le confinement. D’autant que nous avons eu quelques cas de Covid... à commencer par moi. Heureusement sans les symptômes les plus graves. Il n’a toutefois pas été évident les deux premières semaines de gérer les dossiers en cours avec l’extrême fatigue que provoque ce virus. Il fallait profiter des quelques phases de répit. Aujourd’hui, tout le monde va bien chez nous et je m’en réjouis.

Vos process, vos créations, vos dispositifs. Tout a été bousculé ? Remis en cause ?

Nous avons eu comme plusieurs agences des projets annulés. Beaucoup d’entreprises internationales ont eu rapidement très peur, dans un contexte aussi difficile, que l’une ou l’autre de leurs filiales ait une prise de parole hors de propos. Et les consignes ont été de cesser toute communication hors Covid. Cela a été d’autant plus vrai au sein des laboratoires pharmaceutiques dont l’image est sensible en temps « norma »” et qui ont estimé devoir être encore plus prudents dans la période actuelle.

A contrario, sur notre activité séminaire, nous avons eu plusieurs demandes de digitalisation de séminaires internes et de réunions d’équipe, auxquelles il a fallu répondre en un temps extrêmement court. Heureusement, pour avoir monté de nombreux projets analogues ces dernières années, nous sommes rodés à l’exercice et avons pu être très réactifs. Aujourd’hui, nous préparons plusieurs séminaires « phygitaux » constitués de séances de travail digitales et de moments pour se retrouver physiquement, mais sous un format plus convivial, quand la situation le permettra.

Être une agence santé, c’est être au centre des attentes de vos préconisations pour vos clients ?

Nous avons toujours été une agence à culture pro-active. Avec des idées mais sans idéologie. Ce qu’attendent de nous nos clients aujourd’hui, c’est une manière de penser différente, une capacité à challenger les a priori. Un exemple de ce que nous entendons tous les jours : « il ne faut pas déranger les médecins, ils ont fort à faire actuellement ». C’est très vrai. Néanmoins, les autres pathologies ne sont pas parties en vacances pendant la crise Covid. Elles continuent de sévir. Il faut donc laisser la possibilité aux médecins de pouvoir, quand ils ont des questions, les poser. Et pour cela il existe des solutions technologiques non intrusives.

Une crise sanitaire, cela a impact sur une agence spécialisée telle que la vôtre ?

Être une agence santé implique d’être tout particulièrement sensible et responsable. On ne peut pas dire n’importe quoi. Et néanmoins il faut savoir faire passer les messages de manière aussi forte que n’importe quel autre acteur et même de manière plus forte encore car les investissements sont souvent limités, inversement proportionnels à l’importance des causes qu’ils soutiennent. Seul un effet de levier créatif important peut y remédier. Et sur ce terrain-là, nous n’avons eu de cesse depuis 10 ans de faire de la pédagogie auprès de nos clients en prouvant à de nombreuses reprises qu’une campagne créative dans la santé était plus efficace qu’une affiche avec papy et mamie sur la plage qui sourient parce qu’ils ont pris leur traitement...

A l’heure actuelle, les campagnes de prévention, de dépistage, et même d’observance car certains patients sont tentés d’interrompre leur traitement, doivent surtout être poursuivies. Et les pouvoirs publics doivent le réaffirmer publiquement afin d’encourager les partenaires privés, qui pourraient être tentés de tout arrêter par peur d’être montrés du doigt, à continuer de jouer leur rôle citoyen.

Des raisons d’être raisonnablement optimiste ? C’est quoi le monde d’après ?

Je n’ai jamais cru à la fin de l’Histoire, dans la version de Fukuyama. Et pourtant j’aurais adoré... L’Histoire montre que les plaies d’Égypte réapparaissent régulièrement, de manière protéiforme, qu’il s’agisse de cataclysmes, d’invasions, d’actes terroristes massifs... ou de pandémies. Nos sociétés occidentales ont perdu la culture de la souciance, en tout cas à titre collectif, et donc l’art de se préparer à ce que l’on estime être l’impensable.

Donc si l’on doit chercher du positif dans cette crise, au-delà des correctifs socio-économiques, qui seront pour moi mineurs à moyen et long terme, on le trouvera dans une capacité d’anticipation accrue, on l’espère, si un jour un virus encore plus pathogène, Ebola par exemple, s’avise à son tour de franchir les frontières. Nous avons accepté, grâce à cette crise, le principe des sas et compris que la fermeture de ces mêmes frontières ne relevait pas en pareil cas d’un nationalisme rétrograde mais d’une nécessité sanitaire.

Cela n’est pas forcément facile à accepter pour les mondialistes (dont je fais partie), mais c’est aussi une autre leçon de la crise : demain, nous ne pourrons pas tout avoir, il va falloir faire des choix.

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